La toponymie du littoral de Goulien
La toponymie du littoral de Goulien
On l’a souvent dit et écrit, mais je ne crois pas inutile de le répéter. Nous vivons dans une région du monde où les milieux et les paysages, si naturels nous paraissent-ils, ont en général été profondément marqués de l’empreinte humaine. Les falaises maritimes ainsi que les pelouses et les landes qui les couronnent n’échappent pas à la règle. Ici, le quadrilatère d’un champ clos, là, une carrière de « tuffaut », plus loin, une mare, et tout en bas, à peine au-dessus du niveau de la mer, un pieu rouillé : autant de témoignages évidents d’une exploitation agricole jusqu’à la limite des abrupts et d’activités de pêche dans des endroits qui paraîtraient inaccessibles à beaucoup.
Un autre témoignage tout aussi convaincant de l’occupation totale de l’espace littoral par les capistes est la profusion et la précision des noms qu’ils ont donnés aux moindres parcelles de lande et aux plus petits rochers de leurs falaises. Mais ce type d’indices est moins accessible que le premier ; c’est dans la mémoire des gens qu’il faut aller les rechercher. Car la falaise, celle de Goulien comme les autres, est de moins en moins fréquentée par ses riverains. Les moutons ne pâturent plus depuis longtemps l’herbe des pentes, et rares sont les paysans qui mènent toujours leurs bêtes paître sur la lande. Pris dans l’engrenage de l’agriculture moderne, le cultivateur capiste prend de moins en moins le temps d’aller à la côte mouiller son casier à crabes, pêcher le congre, la vieille ou le lieu. Ainsi se perd d’année en année l’habitude de nommer les pointes, les criques, les places de pêche, les rochers et les chemins.
Étant de ceux qui croient que tout cela constitue un patrimoine qu’il est important de conserver et de restituer, j’ai passé une partie de l’été 1982 à recueillir les noms de lieu de la côte de Goulien. Nul doute que cette étude soit incomplète et imparfaite. Je m’en excuse auprès des personnes de Goulien qui on eu la gentillesse de me faire part de leurs connaissances et parfois de
m’accompagner sur le terrain pour mieux illustrer leurs propos. C’est en tout cas un plaisir pour moi de les remercier ici : MM. Jean-Marie Quéré et René Laouénan pour les secteurs de Kergulan et Kerisit, Yves Kerninon pour la côte de Kermaden, Jean-Yvon Griffon pour Bremeur, Kerguerriec et ailleurs, Jean-Pierre Dagorn pour Kerguerriec, Jean Mens et Jean-Yvon Bonis pour la côte de Kerguerriec et Lezoulien, Alain Brénéol pour Lezoulien et ailleurs.
Brest, automne 1982
Trente ans après
Près de trente ans ont passé depuis que j’ai écrit ce texte en introduction d’un petit travail sur la toponymie de la réserve de Goulien. À l’époque, j’avais la ferme intention de poursuivre cette entreprise. Il restait d’abord, bien entendu, à publier les toponymes correspondant au tronçon de côte situé hors réserve entre Beg Linennou et Porz Pornejen. Je dois à ce propos m’excuser auprès de Jean-Yvon Griffon : il fut, au cours de l’été 1982, mon principal informateur pour ce secteur, et il aura dû attendre plus de vingt ans pour que je rende enfin public ce qu’il m’avait si gentiment appris. Gand ar vez ! Au-delà, je désirais également compléter l’inventaire des noms de lieux littoraux de Goulien, jusqu’à la limite avec Cléden, en poursuivant ma collecte à l’ouest du Milinou, ce que je n’avais pas abordé à l’époque. Et – pourquoi pas ? – étendre l’enquête à l’ensemble du Cap Sizun.
Mais voilà, d’autres activités ont pris le dessus, et peut-être un peu de négligence… Qu’est-ce qui m’a décidé à reprendre enfin mon bâton de pèlerin ? En premier lieu, sans doute, mon départ à la retraite à l’automne 2002. Installé à Penn ar Run Izella depuis lors, j’ai à l’évidence plus de loisirs et de proximité pour y penser et partir en enquête quand l’envie m’en prend, pourvu que les personnes détenant traditionnellement cette connaissance soient disponibles, cela va sans dire. En second lieu parce que, depuis 1982, je garde en moi un sentiment frustrant d’inachèvement. Pendant tout ce temps, même si je n’y ai pas consacré le temps que j’aurais pu, ou dû, j’ai glané quelques noms ici et là, sur Plogoff, sur Cléden, sur Beuzec. Ne reniant pas un mot de ce que j’écrivis voici vingt ans, je ne pouvais que regretter la perte inéluctable de ce patrimoine, dans un temps où, bien plus encore qu’à l’époque, la fréquentation des criques, des pointes et des pentes par leurs riverains se réduisait chaque année davantage. Au fil de ces deux décennies, combien d’emplacements de pêche ont-ils définitivement disparu des mémoires, combien de sentiers se sont-ils enfrichés au point de n’être plus discernables de la végétation qui s’épaissit alentour ? Or, si la fréquentation s’amenuise, la mémoire s’érode au même rythme, sans parler de celles qui disparaissent. (Doue d’o fardono).
De plus en plus démangé par l’envie de renouer avec mon enquête, il n’a fallu qu’un déclic pour que ma décision soit prise. Ce qui s’est produit à l’occasion d’une longue discussion à bâtons rompus (comme toujours) avec Jean Gloaguen et Jean-Pierre Mens, devant l’entrée de la réserve un beau samedi d’octobre 2003.
Depuis lors, les choses ont suivi leur cours, au rythme des moments laissés libres par mes autres activités. C’est ainsi que Jean-Pierre Mens m’a accompagné dans les falaises de Lezoulien en novembre 2003 et que, rencontré près de la réserve en septembre 2005, Michel Donnart m’a indiqué quelques noms nouveaux dans le secteur de Kergulan. Enfin, en septembre 2005 également, j’ai passé de longs moments en compagnie de Jean-Yvon Le Louarn de Meilh Kerharo, sur le terrain et chez lui. Outre la pointe de Penharn qu’il connaît comme sa poche, il m’a fourni d’assez nombreux noms pour le secteur de Loédec, dont une bonne part sur le littoral de Goulien.
Après quoi, trouver des mémoires susceptibles d’ajouter des nouveautés à cet inventaire est devenu bien difficile. Peut-être la parution de mon petit travail dans le bulletin municipal réveillera-t-il quelques souvenirs chez ses lecteurs.
Goulien, printemps 2012
Jean-Yves Monnat – Pennarun – Goulien
Quelques termes répandus
Beg (eur beg). Pointe, cap, promontoire, mais aussi sommet de falaise ou de colline.
Kouar (eur c’houar). Ruisseau, mais aussi chenal entre la côte et certaines roches ; lorsque ce terme est employé dans le deuxième sens, il se distingue généralement d’un san (voir plus bas) en ceci qu’il est plus large et moins encaissé.
Karn (eur c’harn). Amas de roches. Le sens de ce mot ancien n’est plus compris par les bretonnants ; il est par conséquent souvent déformé, notamment en korn. Il entre dans la composition de plusieurs toponymes proches sur le secteur de Lezoulien.
Karreg (eur garreg). Roche ou rocher. Sans doute le terme le plus fréquent. Désigne le plus généralement une grande roche isolée de terre.
Korn (eur c’horn). Coin, angle.
Kougon (eur c’hougon). Traduit ici par « gorge », faute de mieux. Il s’agit là d’un terme particulier au vocabulaire du Cap Sizun . Comme porz, un kougon désigne une entaille dans le trait de côte, mais la différence entre les deux n’est pas toujours évidente. En principe, un kougon type est une entaille profonde, étroite, au fond inaccessible et ne séchant pas alors que le terme de porz est plutôt réservé à des criques plus ou moins larges, mais comportant une grève accessible. Il y a des exceptions à cette règle, dans les deux sens. Ainsi, dans le secteur de Kerguerriec, Porz ar C’Hrabos correspond-il tout à fait à la définition que je viens de donner d’un kougon, et l’entaille nommée Ar C’Hougon dans les falaises de Lezoulien possède une grève parfaitement accessible depuis Porz ar C’Harn. Il faut également signaler un toponyme associant les deux termes : Porz ar C’Hougon, également situé dans le secteur de Lezoulien.
Louarn. Renard, prononcé laouarn à Goulien. Ce mot, souvent trouvé dans les noms de lieu, désigne sans doute le plus souvent l’animal, mais il pourrait s’agir du nom de famille Le Louarn (Al Louarn) dans certains cas.
Men (eur men, et pluriel mein, ar vein). Pierre. S’applique très généralement à des roches de plus petite taille que le terme karreg. Contrairement à ce dernier, il peut correspondre à de simples récifs.
Mene (eur mene). Littéralement « montagne », mais aussi colline, falaise ou même lande sur le bord de mer où les sommets de falaises sont couverts de landes. Dans le Cap, ces zones sont aussi désignées sous l’appellation de mene an aod (lande de mer ; « lande » doit être compris ici comme « étendue couverte de lande ») ou, plus brièvement, mene ’n aod et même men’od. Ce terme est généralement accouplé au nom du village dont dépend la lande en question : men’od Kergulan, men’od Kermaden (lande de mer de Kergulan, de Kermaden)…
Milinou. Ce terme, que l’on retrouve dans le nom de quatre grosses roches isolées à Goulien, pose problème. On serait a priori tenté de traduire par « moulins » puisque, dans la majeure partie de la Basse Bretagne, moulin se dit milin (eur vilin, pluriel milinou). Or, il se trouve que dans le sud du Finistère, moulin se dit meihl (eur veilh, pluriel meilhou) et que les bretonnants de Goulien ne savent donc pas, sauf exception, interpréter milinou. Il n’est pas impossible que ces Milinou soient le vestige d’une époque, assurément très ancienne, où le mot breton désignant le moulin était le même partout. Si tel n’est pas le cas, ces toponymes resteraient intraduisibles.
Pladenn (eur bladenn). Roche plate généralement rattachée à la côte, couvrant ou non, et constituant généralement un emplacement de pêche.
Porz (eur porz). Crique, baie (voir à Kougon).
Pouloudenn (eur bouloudenn). Traduit ici par « grumeau ». Toponyme régulièrement rencontré à Goulien, désignant en général une petite roche détachée, de forme assez régulière comme son nom l’indique, et couvrant ou non.
Ravazenn (pluriel ravazinier). Brisants. Hauts-fonds rocheux généralement visibles par fort coefficient et grosse mer.
San (eur zan). (voir aussi kouar) Traduit ici par « couloir ». En fait, passage étroit entre un îlot rocheux et la falaise, ne séchant pas sauf exception. Ce terme, rare sur le reste des côtes bretonnes, est systématique à Goulien : la plupart des roches isolées à proximité immédiate de la côte ont leur san.
Tal (eun tal). Littéralement « front ». Ce mot désigne l’extrême pointe d’un îlot ou d’un cap. Il n’est guère utilisé que dans l’expression War an Tal désignant un coin de pêche et traduisible par « à l’extrémité » ou « vers le large ».
Toull (eun toull). Trou, dans tous les sens du mot français : trou de pêche, grotte, gouffre, etc.
Orthographe
C’est là une question délicate et controversée. En règle générale, plutôt que de me plier à une orthographe orthodoxe, j’ai d’abord essayé de m’adapter à la prononciation locale tout en m’efforçant de respecter certaines règles à peu près unanimement reconnues. Je crains que les ayatollahs de ces questions ne me pardonnent pas ces écarts. Tant pis !
Je me contenterai de rappeler brièvement qu’il n’y a pas de « e » muet en breton. Conformément à l’usage orthographique, je n’en ai accentué aucun, même s’il n’est pas toujours facile de savoir s’il faut dire « é » ou « è ». À titre d’exemple, Kenepe se prononcera « Quénépé », et Kabore, « Caboré » mais pladenn, karreg, meilh… « pladènne, carrèque, mèyle… » Le son « que » est systématiquement rendu par la consonne « k » plutôt que par « qu » ou « c ». La « jota » bretonne est classiquement rendue par « c’h » ; ce c’h est considéré comme une consonne unique, ce qui fait que sa majuscule est « C’H » et non « C’h ». Il faut par ailleurs préciser que, dans le Cap Sizun comme en Bigoudénie, le son c’hw se prononce f. Ainsi c’hwi (vous) se dit fi, c’hwec’h (six) fec’h… J’ai conservé cette prononciation dans l’orthographe : Beg an Alfiou pour Beg an Alc’hweiou, Fezerez pour C’Hwezerez, etc.
1ère partie : De Porz Ar Valc’h à Pors Kanape
Les noms de lieux se succèdent de la limite avec Beuzec Cap Sizun vers la limite avec Cléden Cap Sizun
Ar Valc’h (signification inconnue). Court ruisseau faisant la limite entre les communes de Goulien et Beuzec. Deux petits moulins y étaient jadis établis (des restes de murs enfouis dans la végétation subsistent toujours), portant ensemble le nom de Meilh ar Valc’h (moulin du Valc’h), le vallon étant lui même nommé Stang ar Valc’h (vallon du Valc’h).
Porz ar Valc’h (crique du Valc’h). Crique située à l’embouchure du Valc’h.
Toull Touf (trou « touf »). Nommé d’après le bruit que produit la houle quand elle s’engouffre dans ce trou situé entre le déversoir du Valc’h et le fond de Porz ar Valc’h.
Karreg an Dour (rocher de l’eau). Grand rocher au milieu de Porz ar Valc’h.
Porz ar Vroenneg (crique de la jonchaie). Grande crique évasée, mais très peu accessible, entre la clôture orientale de la réserve et Karreg ar Skeul. La référence aux joncs reste énigmatique. La zone ne comporte pas de suintement d’eau douce, et le seul jonc susceptible de venir dans les criques maritimes (le jonc aigu, Juncus acutus) est, à ma connaissance, absent de la côte nord su Cap Sizun.
Toull Uhel (trou haut). Simple place de pêche, très haut au-dessus de la grotte située immédiatement à l’est de Kornabro.
Kornabro (signification inconnue). J’ai aussi entendu Kornagro et Kornabat. Dans ce dernier cas, cela pourrait être interprété comme Korn ’n Abat (le coin de l’abbé ou le coin de Labat, nom de famille). Il s’agit d’un coin de pêche d’accès difficile, immédiatement à l’est de Karreg ar Skeul.
Karreg ar Skeul (rocher de l’échelle). Rocher extrêmement escarpé qui doit son nom au fait qu’on allait y pêcher en passant sur une échelle posée au dessus du san à basse mer . (L’échelle était laissée sur place, côté terre.) Des guillemots y ont niché jusque dans les années 1950, et des océanites plus récemment.
San Karreg ar Skeul (couloir de Karreg ar Skeul). Chenal étroit entre la falaise et Karreg ar Skeul.
Ar Boullenn (la flaque). Trou d’eau à basse mer, à mi-chemin entre l’entrée de San Karreg ar Skeul et Porz an Halenn.
Tal ar Boullenn (face à la flaque). Coin de pêche à terre d’Ar Boullenn (deux emplacements).
Kulanou (signification inconnue). Grandes roches très escarpées, en mer. Sans doute à rapprocher du nom de village Kergulan au droit duquel elles se trouvent. Une très importante colonie de guillemots en a occupé le sommet jusqu’à la fin des années 1950.
Karreg Koc’h (roche [couverte de] fiente). Rocher secondaire des Kulanou, le plus petit, à l’ouest de la roche principale.
Ravazinier Kulanou (brisants de Kulanou) .
Porz an Halenn (crique du sel). Prononcer Porz ’n Halenn. Première crique à l’ouest de Karreg ar Skeul, sous l’un des deux grands points d’observation des oiseaux de la réserve. On allait autrefois y récolter un peu de sel dans de petites flaques asséchées.
Karreg al Louarn (roche du renard). Pointe séparant Porz an Halenn de Porz al Louarn.
Porz al Louarn (crique du renard). Crique très étroite et profonde entre Karreg al Louarn et la pointe de Vein Zu.
Ar Vein Zu (les pierres noires). Pointe et ensemble de rochers descendant de -Beg an Alfiou vers le nord-ouest. On peut y distinguer plusieurs éléments.
Karreg ar Vein Zu (roche des pierres noires). Très gros rocher séparé de la pointe proprement dite par un san n’asséchant jamais (San ar Vein Zu, couloir de Vein Zu). Un gros bloc coincé au-dessus du san permet toutefois d’accéder au karreg pour y grimper (escalade). On peut pêcher à terre, de part et d’autre du san.
Ar Bouloudenn (la roche ronde). Petite roche située à l’ouest de Karreg ar Vein Zu. Elle couvre à marée haute, mais constitue, par temps très calme, un coin de pêche accessible après la mi-marée.
Beg an Alfiou (promontoire des clefs). Prononcer alfi-ou. Sommet rocheux très exposé qui constitue le point d’observation principal de la réserve.
Parennad Beg an Alfiou (parcelle de Beg an Alfiou). Longue parcelle de lande rase au sud de Beg an Alfiou, juste à l’est du chemin principal de la réserve.
Karreg Disklao (roche parapluie). Grande roche située sur la falaise, à l’entrée de Porz ar Wreg, côté Vein Zu. Une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas d’un toponyme traditionnel. Cette roche a été baptisée ainsi dans les années 1980 par Pierre le Floc’h, animateur à la réserve, parce qu’elle constitue un excellent abri pour qui veut continuer à observer les oiseaux de Kastell ar Roc’h sous la pluie. Va pour Karreg Disklao !
Porz ar Wreg (crique de la femme). Vaste crique entre Vein Zu et Kastell ar Roc’h. L’accès à la grève était autrefois très difficile. Il est désormais presque impossible du fait d’un gigantesque éboulement qui s’est produit vers la fin des années 1990.
Al Len Neve (la mare nouvelle). Petite dépression humide dont on a autrefois extrait de l’argile, dans la lande en arrière de Porz ar Wreg.
Kastell ar Roc’h (château de la Roche). Cette grande falaise, l’une des plus hautes sinon la plus haute du Cap Sizun a longtemps abrité l’une des populations d’oiseaux de mer les plus riches de Cornouaille : guillemot, pingouin, mouette tridactyle, cormoran huppé, goéland argenté… Elle partage le terme kastell avec les pointes de Kastell Kozh (Beuzec) et Kastell Meur (Cléden). Sans doute faut-il voir là une référence au fait qu’il s’agit dans les trois cas de « caps barrés », réduits défensifs occupés de très longue date par l’homme. Des restes de murs au sommet de Kastell ar Roc’h et sur les grandes corniches de sa face nord témoignent de cette occupation ancienne. La légende locale veut en outre que ce soit là l’endroit d’où, pour la première fois au cours de sa fuite devant la mer, le roi Gradlon ait arrêté son cheval et se soit retourné pour regarder la ville d’Ys engloutie. La face nord est coupée de vires herbeuses nommées Ar Jardinou (les jardins) ou Jardins des Korrigans ; sur le passage menant aux Jardinou, un minuscule abri sous roche est appelé Toull an Denved (trou des moutons). La petite dépression du sommet est connue sous le nom de Trou des Amoureux.
Ar Roc’h Vihan (la petite roche). Sommet rocheux secondaire immédiatement au sud de Kastell ar Roc’h et séparé de celle-ci par une entaille franche.
Plenaenn ar Roc’h (plateau de la Roche). Large dépression de lande au sud de Kastell ar Roc’h.
Len ar Roc’h (mare de la Roche). Dépression très humide creusée dans Plenaenn ar Roc’h.
Feunteun ar Roc’h (fontaine de la Roche). Source permanente sortant d’un pointement rocheux au sud-ouest d’Ar Roc’h Vihan.
Beg ar Roc’h (pointe de la Roche). Avancée strictement rocheuse à l’ouest de Kastell ar Roc’h. Elle comporte deux emplacements de pêche vers l’extrémité : -An Tal Uhel (le front haut) et An Tal Izel (le front bas).
Pladenn ar Roc’h (roche plate de la Roche). Coin de pêche sur la face ouest de Beg ar Roc’h, vers sa base ; également nommé Ar Roc’h a Zouar (la Roche côté terre).
Porz ar Roc’h (crique de la Roche). Grande crique profonde et inaccessible de terre, entre Beg ar Roc’h et Karreg Menesite.
Toull ar Roc’h (trou de la Roche). Énorme grotte au fond de Porz ar Roc’h. On dit à Goulien qu’elle s’avance très profondément vers l’intérieur du Cap, jusqu’à Lezoualc’h selon les uns, ou même Meilh ar C’Hastell selon d’autres. Vérification faite, elle n’est profonde que d’une soixantaine de mètres, mais possède une voûte extraordinaire.
Karreg Menesite (signification inconnue). C’est la pointe nommée Benedicite sur diverses cartes. Avec Kastell ar Roc’h, une des roches les plus escarpées et les plus hautes du Cap.
Tachenn ar C’Had (le champ du lièvre). Belle pelouse sur l’isthme reliant Karreg Menesite à la côte.
Karreg Chella (signification inconnue). Gros rocher détaché immédiatement à l’ouest de Tachenn ar C’Had. On peut y passer (très difficilement !) dès la mi-marée sur un bloc coincé.
Toull ar C’Hrabanou (trou des griffes). Énorme puits de quarante mètres de profondeur dans la falaise, communiquant avec la mer (mond war e grabanou signifie « aller à quatre pattes »).
Beg al Lochou (pointe des loges). Pointe à l’arête extraordinairement découpée, limitant au nord-est la grande baie de Porz Kanape.
Karreg Pesked (roche aux poissons). Rocher mal localisé, découvrant à basse mer entre Karreg Chella et Beg al Lochou.
Karreg Korn (roche d’angle). Îlot rocheux à l’extrémité de Beg al Lochou, séparé de la pointe par un san.
San Karreg Korn (couloir de Karreg Korn). Passage étroit entre Beg al Lochou et Karreg Korn.
Ar Forn (le four). Place de pêche très accessible près d’une grotte ronde, sur le flanc ouest de Beg al Lochou.
Ar Garreg Velen (la roche jaune). Petite roche allongée immédiatement au sud d’Ar Forn.
Porz Bihan (petite crique). Crique à mi chemin entre Ar Forn et la grève de -Porz Kanape. Elle comporte une grève de galets accessible.
Mene Koroc’h (signification inconnue). Croupe de landes en arrière de l’ensemble Tachenn ar C’Had – Beg al Lochou.
Beg an Eurlac’h (signification inconnue). Grande pente couverte de fougères formant une avancée entre Porz Bihan et Porz Kanape.
Karreg ar Ribod (rocher de la baratte). Grand rocher isolé de la falaise immédiatement à l’est de Porz Kanape.
Porz Kanape (crique de Kanapé). Le toponyme désigne à la fois la crique et une partie au moins de la grande baie sur laquelle elle s’ouvre. La plus grande crique de Goulien. Du côté de Kermaden, on peut y accéder par plusieurs sentiers dont deux portent un nom : Al Louarn Bihan et Al Louarn Braz (respectivement le petit et le grand renard). Deux ruisseaux s’y jettent : Kouar Kanape (ruisseau de Kanapé) venant de Kerisit et Kouar Kermaden (ruisseau de Kermaden) en provenance du village de Kermaden. Je ne me suis pas risqué à une traduction pour Kanape. Je peux toutefois avancer une hypothèse. Kanap, en breton, désigne le chanvre (c’est bien sûr le même mot que le cannabis des latins). Or, il existait autrefois des mares à rouir le chanvre dans le vallon de Kanapé. Le ruisseau, la crique et la baie tirent-ils leur nom de cette particularité ? Ou de tout autre rapport au chanvre ?
Poull Youenn (trou d’Yves). Encore nommé Poull Vonig (trou d’Yvon). Il s’agit d’un haut-fond sableux situé au nord-ouest de l’entrée de Kanape. Son emplacement n’est visible que lorsque la houle brasse le sable du fond à basse mer de vives eaux.
Kenepe (signification inconnue). Nommés An Duellou par les marins douarnenistes, ces rochers situés au nord de Porz Kanape, à plus d’un kilomètre en mer, ne sont connus que sous le nom de Kenepe à Goulien et Cléden. Faut-il y voir une altération de Kanape (une sorte de pluriel irrégulier comme il y a tant en breton) ? Deux des trois roches qui composent cet ensemble portent un nom, la plus petite, couvrant à haute mer, n’en ayant apparemment pas reçu : Kenepe Vihan et Kenepe Vraz (petite et grande Kenepe).
Baz ar Bruger (basse du Beuzecois). Brisant situé dans l’est des Kenepe. Il n’est visible que par fort coefficient et grosse mer. « Bruger » est le surnom donné dans le Cap aux habitants de la commune de Beuzec (féminin : « Brugerez »). Ce terme viendrait de brug, qui signifie « bruyère ».
2ème partie : De Pors Kanape à Porz Skividik
Les noms de lieux se succèdent de la limite avec Beuzec Cap Sizun
vers la limite avec Cléden Cap Sizun.
Beg an Ilierou (promontoire des lierres). Point culminant de la falaise au nord-ouest de Porz Kanape, sur la rive gauche de Gouar Kermaden. Une roche couverte de lierre sous ce sommet porte le nom de Karreg an Ilierou (roche des lierres).
Karreg an Dour (roche de l’eau). Rocher près d’une grande flaque à basse mer, sur la grève en bas de Beg an Ilierou.
Porz Torret (crique cassée). Il ne s’agit pas à proprement parler d’une crique, mais d’un ensemble de falaises au dessin général plutôt concave, à mi-chemin entre Porz Kanape et Milinou Kermaden. D’où vient ce qualificatif de « cassé » ? Peut-être d’éboulements anciens, ou de la nature assez instable des falaises, contrairement à la situation générale à Goulien où la roche apparaît presque toujours très saine. Les parcelles délimitées dans la pente au-dessus portent le nom de Kornigiou (les petits coins).
Kahidou (signification inconnue). Parfois prononcé Kehidou. Falaises et rochers situés immédiatement au sud de Milinou Kermaden et comportant des restes d’installations permettant de remonter les bateaux. Un coin de pêche dans la partie sud de Kahidou porte le nom de Kahidou a Zouar (Kahidou côté terre).
Milinou Kermaden (Milinou de Kermaden). Énorme roche à peine séparée de la falaise par un san étroit, mais ne séchant jamais. Il s’agit aujourd’hui du dernier refuge des guillemots du Cap Sizun : ils s’y reproduisent sur la face est du rocher, seulement visibles depuis la rive est de Porz Kanape.
San Milinou Kermaden (couloir de Milinou Kermaden). Le chenal de Milinou Kermaden est le type même du san. Il est toujours en eau.
Ar C’Heinarc’hou (les couvercles de coffres). On dit également Keinarc’hou Kermaden. Pluriel bizarre qui, selon A. Guilcher, dériverait probablement de -Kein Arc’h (littéralement dos – c’est-à-dire « couvercle » – de coffre). (Cette interprétation serait validée par le toponyme suivant.) Il s’agit d’un ensemble d’avancées rocheuses, longues et plates comme des couvercles, assez difficilement accessibles depuis la falaise.
Ravazinier Kein Arc’h (brisants de Kein Arc’h). Situés au nord-est des Keinarc’hou, ils n’apparaissent que rarement, par fort coefficient et grosse mer.
Beg ar C’Hougon Ru (pointe de la gorge rouge). Avancée rocheuse à l’est du Kougon Ru. On y distingue deux places de pêche : War ar Beg (sur la pointe) et War ar Bladenn (sur la roche plate).
Ar C’Hougon Ru (la gorge rouge). Gorge très profonde, étroite et inaccessible, avec un énorme bloc coincé.
Ar Garreg Koc’h (la roche [couverte de] fiente). Emplacement de pêche au nord-ouest du Kougon Ru.
Kougon ar Garreg Koc’h (gorge du Karreg Koc’h). Gorge entre Ar Garreg Koc’h et Garvennou.
Ar C’Hougon Plad (la gorge plate). Autre nom pour Kougon ar Garreg Koc’h.
Karreg ar Skuell (rocher de l’écuelle). Rocher caractéristique au point culminant de la pointe de Beg Linennou, devant la maison dite « Maison Rolland ». L’écuelle fait référence à une dépression creusée à son sommet.
Roz ar Skuell (colline de l’écuelle). Point culminant de la pointe de Beg Linennou, sur lequel est construite la « Maison Rolland ».
Garvennou (signification inconnue). Face est de la pointe de Beg Linennou. Comme sur toute la pointe, les places de pêche y sont nombreuses. On y distingue Garvennou Don (Garvennou profond), Garvennou Kador (Garvennou « chaise ») où l’on pêche dans un emplacement rappelant une chaise et Ar Beg Du (la pointe noire), couverte de moules.
Garvennou Plad (Garvennou plat). Grande roche plate au sud de Garvennou, où l’on peut pêcher Er C’Houar, c’est-à-dire dans le chenal séparant une roche détachée de Garvennou Plad.
Beg Linennou (pointe des lignes). L’une des zones de pêche à la ligne les plus réputées du Cap Sizun, en particulier pour le lieu. Sans compter ceux de Garvennou, six emplacements précis au moins y ont reçu un nom. Il s’agit d’An Uhel (le haut), position de repli lorsque la mer est haute et mauvaise ; d’Ar Bladenn er Beg (la roche plate à la pointe) ; d’Ar Beg (la pointe) ; d’Ar Bouloudenn (la roche ronde), une sorte de dôme ; d’Ar Geinenn (la crête) et d’Ar Bladenn (la roche plate) à l’ouest, du côté de Porz Feunteun. On dit que l’on pêche war‘n uhel, war’r bladenn er beg, war’r beg, war’r bouloudenn, war’r geinenn ou war’r bladenn. On passe facilement d’une place à l’autre.
Roz ar Skuell (colline de l’écuelle). Point culminant de la pointe de Beg Linennou, sur lequel est construite la « Maison Rolland ».
Karreg ar Skuell (rocher de l’écuelle). Rocher caractéristique devant la « Maison Rolland ». Son sommet est creusé d’une dépression simulant une écuelle. Plusieurs toponymes y font référence : Roz ar Skuell (voir ci-dessus), Par Roz Skuell (parcelle de Roz Skuell)…
Porz Feunteun (crique de la fontaine). Crique à l’ouest de Beg Linennou, accessible, mais difficilement en hiver en raison des écoulements d’eau douce. Le fond est formé de gros blocs.
Beg Porz Feunteun (pointe de Porz Feunteun). Elle comporte deux emplacements de pêche vers son extrémité, l’un à l’est du côté de Porz Feunteun, l’autre à l’ouest du côté de Toull Marzin.
Toull Marzin (trou de Martin). Crique inaccessible à l’est de Fezerez (elle n’assèche jamais).
Ar Ribot (la baratte). Petite roche isolée en face de Beg Porz Feunteun..
Fezerez (souffleuse). Pointe étroite séparant en deux la grande anse entre Beg Linnennou et Karn Bremeur. On y trouve plusieurs emplacements de pêche sur son flanc ouest : Er Porz (dans la crique) à mi-distance de la pointe du côté ouest, Ar Vouskledenn (la moulière) au coin nord-ouest de la pointe et War ’n Tal (à l’extrémité).
Porz Fezerez (crique de Fezerez). Crique de galets à l’ouest de Fezerez, entre cette pointe et Federek. Elle n’est accessible que depuis Fezerez, à basse mer.
Federek (signification inconnue). Grand îlot plat limitant à l’ouest Porz Fezerez. On peut y passer.
Karn Bremeur (amas rocheux de Bremeur). Partie rocheuse de la pointe de Bremeur couronnée par Mene Bremeur (colline de Bremeur), l’un des points culminants de la côte nord du Cap Sizun (85m). Le nom du village voisin d’où la pointe tire son appellation consacre d’ailleurs cette position dominante puisque Bremeur peut être traduit par « colline principale ».
Korn Men Teo (coin de la grosse pierre). Côté est de la pointe. On y pêche War ’n Tal (vers le large) et Korn ar Zan (au coin du couloir), le san ne correspondant pas ici à un chenal entre une roche isolée et la falaise, mais à un tunnel sous la pointe.
Ar Gwaste (signification inconnue). Grand îlot, assez régulièrement pyramidal, à l’extrémité de la pointe.
San ar Gwaste (couloir du Gwaste). Le san qui l’isole de la pointe assèche après la mi-marée. On prononce généralement San e Gwaste. L’emplacement de pêche de la pointe est à quelques mètres à droite de l’entrée est du couloir.
Ar C’Hroummig (le petit tordu). Place de pêche au coin nord-ouest de la pointe de Bremeur.
Karreg ar C’Hroummig (roche du petit tordu). Roche isolée, ne couvrant pas, face au Kroummig.
Ar Vouloudenn (le grumeau). Petite roche en face de ¨Porz Pornejen, couvrant entièrement.
Pladenn Pornejen (roche plate de Pornejen). Place de pêche à mi-chemin de la pointe (de Bremeur ?).
Porz Pornejen (anse de Pornejen). Étrange appellation dans la mesure ou Pornejen, à n’en pas douter, est une contraction de Porz an Ejen (la crique du bœuf). De ce fait, le toponyme actuel est donc l’altération de Porz Porz an Ejen (la crique crique du bœuf). Cet étrange redoublement est facile à expliquer. Il est probablement comparable à ce qui est arrivé à l’Aulne, la rivière qui passe à Châteaulin. Son nom breton actuel est Ster Aon (la rivière Aulne). Mais aon est l’ancien mot breton pour « rivière ». Ster Aon, c’est donc… la rivière Rivière ! De la même manière qu’au cours des siècles le mot aon, peu à peu remplacé par ster, n’a plus été compris, Porz an Ejen, d’abord contracté en Porz ’n Ejen puis en Pornejen n’a sans doute plus été compris dans son sens premier, d’autant que le toponyme s’est appliqué au village le plus proche. La crique est ainsi devenue Porz Pornejen, la crique du village de Pornejen.
Ravazinier an Avrellek (brisants d’An Avrellek). Hauts fonds dispersés entre An Avrellek et la pointe de Bremeur, n’apparaissant qu’aux vives-eaux et par forte houle.
Men Glib (pierre humide). Emplacement de pêche d’accès très facile, immédiatement à l’ouest de Porz Pornejen. On y pêche Er C’Houar (dans le chenal).
Karreg ar Men Glib (roche de Men Glib). Roche détachée de Men Glib.
Porz ar C’Hrabos (crique de la brouette). Faille étroite, profonde et inaccessible juste à l’ouest de Men Glib.
Porz ar Pase (crique des épaves). Crique à l’ouest d’Ar C’Hrabos.
Ar Vreinek (la pourrie). Emplacement de pêche d’accès difficile en bas d’une arête rocheuse peu solide, à l’entrée est du couloir d’An Avrellek.
San an Avrellek (couloir d’An Avrellek). Couloir très encaissé entre la falaise et l’îlot d’An Avrellek, séchant à basse mer.
An Avrellek (signification inconnue). Aussi nommé Karreg an Avrellek (roche d’An Avrellek). Grand îlot rocheux et herbeux d’accès assez difficile. Deux cheminements permettent de prendre pied sur l’îlot, depuis Porz an Avrellek, après la mi-marée. Celui qui part du couloir, plus difficile est, selon les informateurs, nommé Hent al Louarn (chemin du renard), ou Ar Trap al Louarn (piège du renard), ou encore An Trap (le piège). On désigne nous le nom d’An -Toull Gwenn (le trou blanc) un coin de pêche situé sur la face ouest, à mi-distance de la pointe ; on peut aussi pêcher War an Tal (sur le front), à l’extrémité de l’îlot.
An Avrellek Vihan (le petit Avrellek). Petit rocher détaché au nord d’An Avrellek.
Porz an Avrellek (crique d’An Avrellek). Crique d’accès assez difficile. D’anciens relevés cadastraux orthographient Ar Vrellek, et A. Guilcher interprète le nom de l’îlot comme Lann Vrelek qu’il traduit par « lande à maquereaux », ce qui me paraît hasardeux.
Beg Melen (pointe jaune). Pointe et coin de pêche entre Porz an Avrellek et Porz Skividik.
Bazenn Beg Melen (basse de Beg Melen). Rocher couvrant en face de Beg Melen.
Porz Skividik (signification douteuse). J’ai orthographié Porz Skividik, et non Porz Kividik comme le voudrait la tradition locale, à la suite d’une suggestion de Bernard Tanguy, spécialiste de toponymie à la faculté des lettres de Brest. Ne sachant interpréter « kividik », il suggère que skividik pourrait dériver de skao, qui désigne le sureau. Dans ce cas, Porz Skividik pourrait être traduit par « la crique aux sureaux ». Cette hypothèse est d’autant plus plausible que cet arbuste est, avec le saule et l’épine noire, l’une des essences les plus caractéristiques de ces petits vallons côtiers.
3ème partie : de Porz Skividig à Porz Loedeg
Kouar Porz Skividik (ruisseau de Porz Skividik). Le vallon où coule le ruisseau de Porz Skividik (Stankenn Porz Skividik) résulte de la confluence de deux vallons en amont : Stankenn Kergerrieg (vallon de Kerguerriec) et Stankenn Lezoulien (vallon de Lezoulien).
Karn ar Vran (l’amas rocheux du corbeau). On entend parfois Korn ar Vran. Petite pointe bien individualisée entre Porz Skividik et Porz an Dilhed. Elle comporte deux places de pêche : l’une pour laquelle je n’ai pas trouvé de nom, à l’est, sur une roche plate, l’autre, plus difficile d’accès, à l’extrémité (Tal Karn ar Vran, front de Karn ar Vran).
Porz an Dilhed (crique des vêtements). Petite crique d’accès malaisé entre Karn ar Vran et Ar C’Harn Uhel. Elle était renommée pour la récolte des grehel, cloporte maritime (Ligia oceanica) très prisé comme appât pour la pêche.
Beg ar C’Harn (pointe de l’amas rocheux). Grande presqu’île comprise entre Porz Skividik et Porz ar C’Hougon.
Karn Lezoulien (amas rocheux de Lezoulien). Sommet rocheux de Beg ar C’Harn.
Gwaremmou ar C’Harn (garennes du Karn). Plateau de la presqu’île, autrefois envahi par les fougères, actuellement en cours de colonisation par la lande.
Ar C’Harn Uhel (le Karn « haut »). Extrémité rocheuse de Beg ar C’Harn. Elle comporte deux emplacements de pêche, tous deux très près de l’extrémité ; l’un à l’est dans le kouar entre un rocher et l’extrémité, l’autre à l’est depuis un pladenn.
Lambret (signification douteuse). Îlot rocheux à l’ouest du Karn Uhel, en face de Porz ar C’Harn. A. Guilcher interprète ce nom comme Lamm Bret (saut de « Bret »), « Bret » correspondant pour lui à un nom d’homme hypothétique.
An Trebe (le trépied). Ensemble de trois roches couvrantes à l’extrémité nord-ouest de Lambret.
Baz Lambret (basse de Lambret). Écueil au nord-ouest de Lambret.
Porz ar C’Harn (crique du Karn). Crique évasée, instable et d’accès difficile entre Ar C’Harn Uhel et Ar C’Halborn. On ne peut l’atteindre qu’à basse mer, depuis Porz ar C’hougon, en passant sous le tunnel du Kalborn.
Ar C’Hougon (la gorge). Entaille entre Porz ar C’Harn et Ar C’Halborn.
Ar C’Halborn (la meule de paille). Falaise et coin de pêche d’accès difficile à l’entrée de Porz ar C’Hougon, sur sa rive est. La dénomination pourrait être due à la forme et à la couleur jaune de cette roche couverte de lichens. Mais il pourrait également s’agir d’une altération de Ar C’Harbont (le viaduc) : à cet endroit, la falaise forme en effet une arche au-dessus d’un tunnel asséchant à basse mer qui la traverse de part en part. A. Breneol évoquait une troisième possibilité : selon lui, des pêcheurs de Cléden désigneraient ce lieu sous le nom de Ar C’Harn Bont (l’amas rocheux-pont), ce qui n’est non plus pas à exclure étant donné l’abondance des toponymes comportant le terme karn dans tout ce secteur.
Porz ar C’Hougon (crique de la gorge). Grande crique d’accès assez facile, et dont le fond est occupé par une grève de galets.
Ar Bouloudenn (la roche ronde). Encore nommée Pouloudenn Klet ‘r C’Horr (la roche ronde de Clet Le Corre, prononcé Klè Hor) du nom d’un pêcheur de Cléden qui y installait autrefois un va-et-vient, cette belle roche se trouve au nord de Porz ar C’Hougon et à l’ouest d’Ar C’Halborn.
Karreg Radenn (roche [à la] fougère). Grand piton couvert d’une végétation abondante et rattaché à la rive ouest de Porz ar C’Hougon.
An Daou Oc’h Lard (les deux cochons gras). Deux grands rochers plats dans la pente au dessus de Karreg Radenn, servant de marques à terre pour les pêcheurs en mer.
Porz an Ilierou (crique des lierres). Petite crique d’accès difficile depuis Porz ar C’Hougon, immédiatement à l’ouest de Karreg Radenn.
An Aoteriou (les autels). Ensemble de falaises peu élevées entre Porz an Ilierou et Porz ar Milinou.
Roz ar Broc’hed (colline des blaireaux). Colline au dessus d’An Aoteriou, dont le sommet est percé de très nombreux terriers de blaireau, anciens et récents.
Dian an Aoteriou (sous les autels). Place de pêche à l’entrée est de la première entaille à partir de Porz an Ilierou. C’est le seul point accessible (assez difficilement) dans ce secteur.
Fas an Aoteriou (face aux autels). Grande baie abritée des vents d’ouest, s’étendant entre Beg ar C’Harn et les Milinou.
Pazenn ar Milinou (la marche du Milinou). Rocher plat, légèrement détaché de la côte, vers le milieu des falaises d’An Aoteriou.
Karreg ar Gwilliaoued (roche des goélands). Rocher situé immédiatement à l’est de Porz ar Milinou. Il est séparé de la falaise par un couloir très étroit et encaissé, asséchant à basse mer.
Porz ar Milinou (crique du Milinou). Crique profonde comportant une grève de galets, à l’est d’An Enezenn.
Ar Milinou Braz (le grand Milinou). Énorme rocher, le plus grand du littoral de Goulien, séparé de la côte par un chenal qui ne sèche jamais complètement. De nombreuses espèces d’oiseaux de mer y ont niché : océanite tempête, fulmar, cormoran huppé, goéland argenté, goéland brun, goéland argenté, goéland marin, mouette tridactyle, guillemot, pingouin torda, macareux. (Voir l’introduction pour les hypothèses sur la signification de Milinou.)
Toull Milinou a Zouar (trou du Milinou côté terre). Chenal entre le Milinou et An Enezenn selon les pêcheurs de Cléden.
Ar Milinou Bihan (le petit Milinou). Petit îlot exclusivement rocheux au nord du Milinou Braz.
San Milinou Bihan (couloir du petit Milinou). Nommé Toull Milinou (trou du Milinou) par les pêcheurs de Cléden. Passage très mouvementé entre les deux Milinou.
Bouloudenn Toull Milinou (roche ronde du couloir du Milinou). Roche à l’entrée ouest de San Milinou Bihan.
An Enezenn (l’île). C’est en fait une presqu’île dont l’accès par le sommet est désormais difficile et dangereux en raison d’un éboulement ancien. Depuis le début du siècle, on y accède donc le plus souvent depuis le fond de Porz ar Milinou. Située dans l’axe des deux Milinou, elle est limitée à l’est par Porz ar Milinou et à l’ouest par Porz Hir. Elle comporte plusieurs emplacements de pêche sur les roches plates à l’ouest de sa pointe. On venait aussi y couper de l’herbe, y compris depuis Cléden.
Mene Milinou (colline du Milinou). Plateau entre la base d’An Enezenn et Porz Hir.
Porz Kaved (crique cage). Le terme kaved désigne aussi dans le Cap les anciens casiers à crustacés en bois. Crique située entre la pointe d’An Enezenn et la base de Karreg Hir. Elle n’est accessible que depuis Porz Hir, et l’on peut s’y trouver piégé à marée montante.
Karreg Hir (roche longue). Bel îlot rocheux dans l’ouest d’An Enezenn. Allongé comme son nom l’indique, et couvert de végétation, il est accessible à basse mer et comporte une place de pêche au sud-ouest de son extrémité.
Beg Karreg Hir (pointe de Karreg Hir). Petite roche détachée à l’extrémité de Karreg Hir.
Bouloudenn Milinou (roche ronde du Milinou). Équivalent de la précédente ?.
Baz ar Butun (basse du tabac). Haut-fond situé dans la baie à l’ouest du Milinou, à peu près en face de Karreg Hir.
Kabore (signification inconnue). Gorge étroite et extrêmement profonde à l’ouest de Porz Hir. Le fond (toujours utilisé comme décharge sauvage) forme un premier ressaut nommé Ar C’Habore Sec’h (le Kaboré sec) avant de tomber à pic dans le couloir inondé nommé Ar C’Habore Glib ((le Kaboré humide).
Toull ar C’Habore (trou du Kaboré). Place de pêche à l’entrée du Kabore Glib, sur sa rive ouest.
Pladenn ar C’Habore (roche plate du Kaboré). Emplacement de pêche, quelques mètres à l’ouest de Toull ar C’Habore.
Gourmedeg (signification inconnue). Coin de pêche à l’est de Milinou Porlodeg.
Porz Marc’h (crique [du] cheval). Grande crique très profonde et très difficile d’accès, à l’ouest du Kabore. Dans les temps anciens, on y jetait, dit-on, les cadavres de chevaux.
Milinou Porlodeg (Milinou de Porlodec). Roche très escarpée dans le côté nord-ouest de Porz Marc’h.
Karreg Gwillou Gwillou (Rocher de « Gwillou Gwillou »). Autre nom de Milinou Porlodec ? .
Toull ar Goloenn (trou de la paille). Coin de pêche à l’est d’Ar Garreg Velen.
Ar Garreg Velen (la roche jaune). Place de pêche à l’extrémité d’une pointe formant la limite ouest de Porz Marc’h.
San ar Garreg Velen (couloir de la roche jaune)
Beg ar Garreg Zu (pointe de la roche noire). Pointe à l’entrée est de Loedeg.
Ar Garreg Zu (la roche noire). Petite roche détachée à l’extrémité de Beg ar Garreg Zu, couvrant à haute mer.
Porz Porsebez (crique des pouce-pieds). Crique entre Beg ar Garreg Zu et Porz Goulien.
Porz Goulien (crique de Goulien). Crique sableuse séparée de Loedeg par une petite pointe rocheuse correspondant au déversoir du ruisseau de Porlodec (Kouar Porlodeg = Kouar Goulien). Ce ruisseau faisant la limite entre les deux communes, Loedeg est donc sur Cléden, et Porz Goulien… sur Goulien.
Jean-Yves Monnat