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Notice sur Christian Pelras

Né en 1934, attiré dès son adolescence par l’ethnologie qu’il découvrait lors de ses nombreuses visites au Musée de l’Homme à Paris, il débute sa carrière au Centre de Formation aux Recherches Ethnologiques de l’Université de Paris, en étudiant les métiers à tisser indonésiens ; ce sera le début d’une longue série de travaux sur l’Insulinde et l’Indonésie, dont il deviendra l’un des grands spécialistes.
Parallèlement, il poursuit son cursus universitaire en entreprenant l’étude ethnologique d’un village alsacien, D’octobre 1960 à décembre 1961, il effectue son premier séjour en Indonésie. Quelques temps après son retour en France, il est engagé pour réaliser la monographie d’une petite commune bretonne, Goulien, dans le cadre du grand projet interdisciplinaire dit des « enquêtes de Pont-Croix », sous la direction de Robert Gessain, parallèlement aux études particulières menées à Plozévet par différents spécialistes des sciences sociales.
C’est ainsi qu’il séjournera à Goulien, avec son épouse Marie Thérèse de septembre 1962 à Juin 1964.

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Il poursuivra ensuite sa carrière au CNRS, dans plusieurs régions de l’Insulinde, surtout en Indonésie (Java, Bali, Sumatra, Célèbes…), mais aussi en Malaisie, et à Singapour ; il se spécialisera dans l’étude d’un groupe ethnique, les Bugis, ce sera d’ailleurs le thème du dernier ouvrage qu’il a publié en 2010 : « Explorations dans l’univers des Bugis. Un choix de trente trois rencontres » aux éditions Cahiers de l’Archipel (disponible à la bibliothèque ).

les-bugis

Il a participé à la création de la revue « Archipel » destinée aux chercheurs en sciences humaines et sociales, spécialisés dans l’Indonésie. Tout au long de sa carrière de chercheur et d’enseignant, jusqu’à sa retraite en 1999, Christian Pelras a publié de nombreux ouvrages, articles dans des revues spécialisées, et réalisé de nombreuses collections ethnographiques, rassemblé une importante documentation photographique et cinématographique. Les films réalisés à Goulien ont été déposés à la Cinémathèque de Bretagne à Brest, et plus de quatre heures  de prises de vues sont consultables sur le lien suivant :

Cinemathèque de Bretagne

video-goulien

Le livre et le film sur Goulien ont été le fruit d’un long travail de terrain. Lors de sa première visite en juin 1962, il eut d’abord de longues entrevues avec le recteur, le maire, le secrétaire de mairie. Il vint s’installer en septembre et fut d’abord logé dans un bâtiment désaffecté de l’école, et passa le premier mois à rendre visite à tous les conseillers municipaux ainsi qu’aux plus vieux habitants de la commune, sa venue dans la commune avait été annoncée en chaire par le recteur, l’abbé Auffret, qui par la suite lui donna des cours de breton. Son épouse vint le rejoindre en octobre et ils occupèrent successivement deux penn ti, vivant comme les habitants de Goulien et participant tous les deux avec les agriculteurs aux grandes journée de travaux (arrachage de pommes de terre, etc…)
Le travail ethnologique de Christian Pelras a revêtu différents aspects avec, notamment, l’établissement d’un recensement de tous les ménages de la commune, des entretiens et des enquêtes systématiques auprès des responsables des différents groupements et associations, des visites régulières auprès de quatre exploitations agricoles choisies pour montrer la diversité des modes de production, une participation à la vie collective (cérémonies religieuses, réunions, fêtes familiales).
A l’issue de son séjour à Goulien, Christian Pelras compléta son travail par des recherches en bibliothèque et en archives et quelques nouvelles visites à Goulien. Il présenta alors, en juin 1966, une thèse de troisième cycle devant l’université de Paris, document qui fut ensuite publié par les éditions Masson, sous le titre « Goulien, commune rurale du Cap Sizun (Finistère) – Etude d’ethnologie globale. ».

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Pendant tout son séjour à Goulien, Christian Pelras avait filmé en 8 mn des scènes de la vie quotidienne. En 1991, il est venu présenter un montage de ses films au cours de 2 séances très suivies par la population de Goulien.

 

Ce film est consultable , en intégralité, sur le lien :

https://www.cinematheque-bretagne.bzh/base-documentaire-travaux-f%C3%AAtes-et-saisons-dans-le-cap-sizun-426-13270-0-1.html?ref=67c5e2a3ae240c3d02569a9cd3ddb717

 

 

Pour étudier l’évolution considérable de la société entre 1962 et la fin du XX ème siècle, Christian Pelras a passé dix semaines d’enquêtes intensives à Goulien, au premier semestre 1999, ce qui lui a permis d’ajouter une deuxième partie à son étude, et de publier en 2001, aux Presses Universitaire de Rennes, « Goulien, commune bretonne du Cap Sizun. Entre XIXème siècle et IIIème millénaire ».

goulien-par-c-pelras

Par tout ce travail, Christian Pelras a laissé à notre commune, un témoignage inestimable sur notre passé récent, et a montré que, pour un ethnologue, la meilleure façon pour étudier une population c’est de la respecter, de vivre son quotidien et de partager certaines de ses valeurs.
Merci Monsieur Pelras
Des documents retraçant la carrière professionnelle ,les publications et les travaux
de Christian Pelras sont consultables à la bibliothèque et à la mairie.

H. Goardon

Da feiz hon tadou koz

Le contexte historique

Pour bien comprendre le sens des paroles de Da feiz hon tadou koz, et notamment de son refrain, il faut se placer dans le contexte du début du 20ème siècle, marqué par les lois de séparation des Eglises et de l’Etat.

De 1801 à 1905, les relations entre les Eglises et l’Etat étaient régies par le concordat signé entre Bonaparte, Premier Consul et le Pape Pie VII (le régime du concordat est toujours en vigueur en Alsace Lorraine, deux provinces qui n’étaient plus françaises en 1905). Il prévoyait, notamment, que les évêques soient nommés sur proposition du Ministre en charge des cultes, après accord préalable du Pape, et que l’Etat rémunère les membres du clergé. Le vote de plusieurs lois a opposé le gouvernement de l’époque à la hiérarchie catholique, pour aboutir en 1904 à la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Vatican.

La loi sur les congrégations religieuses de 1901 aboutit à la fermeture d’établissements d’enseignement et à l’expulsion hors de France de milliers de religieux. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat, promulguée le 9 décembre 1905, prévoit que la République garantit le libre exercice des cultes, mais ne salarie ni subventionne aucun culte, le clergé ne sera plus rémunéré par l’Etat. La loi prévoit aussi un inventaire des biens mobiliers et immobiliers des églises avant que ne soit rendue aux associations cultuelles la partie de ces biens estimée nécessaire au culte et que le reste soit saisi. Ces inventaires seront interrompus par Clemenceau, alors ministre de l’intérieur, à la suite d’incidents meurtriers entre la population et les forces de l’ordre,

A cette agitation qui touchait tout le pays, s’ajoutait en Bretagne, le problème de la langue bretonne; en effet, en 1902, une circulaire ministérielle s’en était prise aux prêtres qui faisaient le catéchisme et les célébrations en breton. En janvier 1904, 103 prêtres du diocèse de Quimper et de Léon, étaient privés de traitement par décision préfectorale, pour « emploi abusif de la langue bretonne ».

On comprend mieux, au vu de ces éléments le sens, la force et le succès auprès des paroissiens bretons de Da feiz hon tadou koz.

L ‘abbé Louis Abjean

Louis Joseph Marie Abjean est né en 1876 à Ploudaniel, mais sa famille s’installe à Lesneven où son père était secrétaire de mairie. Après ses études au collège de la ville puis au grand séminaire de Quimper, il fut ordonné prêtre en juillet 1902, et il célébra sa première messe le 10 août à Lesneven.

L’Ouest Eclair du 11 août 1902 le relate dans un petit article qui reflète bien l’ambiance qui règnait à l’époque au sein de l’Eglise :

« A l’occasion d’une première messe

Ce matin, a été célébrée la première messe d’un jeune prêtre , M. l’abbé Abjean, fils du secrétaire de mairie de Lesneven.

A cette occasion, un banquet a été servi à midi à l’Hôtel Chevallier. A ce banquet assistaient M. l’abbé Gayraud, M. de Cuverville et Soubigou, conseillers minicipaux, la famille et quelques amis du jeune prêtre.

M. Gayraud a prononcé un discours très applaudi dans lequel il a dit qu’il se trouvait dans la région pour protester de toutes ses forces contre les atteintes à la liberté de conscience dont se rend coupable le gouvernement actuel.

M de Cuverville, qui prit ensuite la parole, s’éleva avec énergie contre la tyrannie maçonnique qui nous régit. Il félicita les Bretons de la belle attitude qu’ils n’ont cessé d’avoir depuis la promulgation des iniques décrets et encourage vivement à continuer la résistance ».

En octobre 1902, à l’âge de 26 ans, il est nommé vicaire à Goulien, auprès du recteur Jacques Goret, avec
lequel il s’impliquera fortement dans les élections municipales de 1904, dans le but de faire battre le maire de l’époque, Simon Dagorn, un républicain, un « rouge »,

Christian Pelras relate ces événements dans son livre:

« …C’est que ces derniers [le recteur Goret et son vicaire Abjean] s’engagèrent avec fougue dans une lutte politique à l’issue de laquelle Simon Dagorn devait être battu.

L’un des responsables de l’élection de celui ci, et son plus farouche « supporter » était l’instituteur Le Goualc’h, un ancien frère des écoles chrétiennes défroqué. Le vicaire Abjean, qui se piquait de poésie bretonne, s’attaqua d’abord à lui par le biais de chansons satiriques qu’il faisait circuler dans la population et dont on se souvient encore aujourd’hui. Les excès du combisme lui donnèrent de nouvelles armes : dans un pays fortement attaché à sa foi catholique, les mesures anticléricales du Gouvernement ne pouvaient que détacher de lui les modérés. Aux élections municipales de 1904, la campagne se fit au son du nouveau cantique de l’abbé devenu par la suite un des cantiques les plus chantés de Bretagne bretonnante :

Da feiz hon tadou koz

Ni zalho mad atao ».

Pour preuve de la tension qui régna à Goulien pour ces élections municipales, cette lettre qu’adressa le 2 mai 1904, au Préfet du Finistère, l’instituteur H, Le Goualc’h:

« Je me fais un devoir de vous renseigner sur la manière dont se sont faites les élections d’hier. D’abord, je vous dirai que Mr le Maire n’a rien fait pour préparer sa réélection. Au contraire, il avait juré, parait-il aux curés qu’il n’aurait figuré sur aucune liste. En effet, samedi soir encore, il a fallu de pressantes exhortations pour le décider à consentir à ajouter son nom sur la liste; moi et les conseillers en étions navrés. Hier cependant, à la mairie, devant l’urne électorale, M. Dagorn a agi en homme catégorique devant l’insolence des « hommes noirs »…
Quant aux cléricaux! C’est autre chose! Les prêtres, M. Goret Jacques, recteur et Abjean Louis, vicaire, depuis longtemps préparaient la lutte d’hier, depuis un mois surtout. Tous les électeurs de la commune, ont reçu à diverses reprises, la visite de ces messieurs. Si le vicaire le matin, avait douté d’un électeur, le soir cet électeur recevait la visite de M. Goret Jacques. On a vu l’Abbé Abjean sortir, après minuit des réunions organisées dans des auberges, et les candidats du «presbytère» en sortir abrutis par la boisson…

Voilà, Monsieur le Préfet, la conduite des «hommes noirs», que la république paye. Nous n’avons pas voulu protester, contre cette élection, vu l’indécision du Maire et la défection de quelques candidats de la liste républicaine, et vu surtout la forte majorité des cléricaux.

L’instituteur de Goulien
H. Le Goualc’h »

L’inventaire des biens de l’église , prescrit par la loi de séparation, fut très mouvementé à Goulien :
Le 5 mars 1906, l’agent chargé par le Gouvernement de faire l’inventaire du mobilier de l’église paroissiale de Goulien, dut y renoncer face aux protestations du recteur, du conseil de fabrique et des paroissiens massés dans l’église. C’est donc avec l’aide d’un escadron de cuirassiers que l’inventaire eut lieu.

Pendant son séjour à Goulien, l’abbé Abjean rassembla autour de lui, des jeunes de la paroisse dans un groupe dénommé « Paotred ar C’hap » ( les jeunes gens du Cap ).

En 1907, il est nommé vicaire à Pleyber christ, auprès de son oncle l’abbé Jean Baptiste Guillou. Il y restera jusqu’en 1926. Il y laissera le souvenir d’un homme plutôt autoritaire, s’impliquant activement dans la vie culturelle de la commune, favorisant en particulier le développement du théâtre en breton. C’est de son séjour à Pleyber Christ, que date la seule photo que nous ayons de lui, retrouvé par l’association Triskell Pleyber Patrimoine, prise ,vraisemblablement en 1926, en compagnie d’appelés faisant une retraite spirituelle à N.D. de la Salette.

labbe-abjean En 1926, il devient recteur de Plourin lès Morlaix, jusqu’en 1930, puis il est nommé curé doyen d’Elliant, où il décède le 21 novembre 1933, dans sa 58 ème année. Sa notice biographique, parue dans la Semaine religieuse de Quimper et de Léon, précise que plus de 60 prêtres assistaient à Elliant à la messe d’enterrement le jeudi matin 23 novembre dans une église comble, et qu’ils étaient 110 l’après midi à Lesneven où il fut inhumé dans la tombe familiale.

Il est décrit comme un optimiste, qui inspirait la confiance par « son visage ouvert, son bon sourire, sa main largement tendue. Un vieux trégorrois de Plourin disait : »An aotrou Abjean hen euz eur parapluie ledan, plas zo d’an holl dindan « (Monsieur Abjean a un grand parapluie, en dessous il y a de la place pour tout le monde ) ».

Le cantique

Si l’abbé Abjean est bien l’auteur des paroles de Da feiz hon tadou koz, il a repris l’air d’un cantique français « Sainte religion », qui lui même avait été repris dans le cantique breton « Ar Relijion ».

ar-relijion

Les similitudes entre les refrains de Da feiz hon tadou koz et Ar Relijion (« endro d’he baniel » dans l’un, « gant da vaniel renet » dans l’autre, « kentoh ni a varvo » dans l’un, « ma vez red ni varvo » dans l’autre), laissent à penser que Louis Abjean s’est inspiré en partie d’ Ar Relijion, et a repris le même air, qui n’est autre que celui du cantique français « Sainte religion » .

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Ce cantique, très connu pour son refrain, hymne à la foi des « vieux pères » que l’on défendra s’il le faut jusqu’à la mort, ne comporte que 4 couplets, retraçant chacun une étape de la vie : le premier parle de l’enfant et de sa mère, le second indique aux jeunes gens la voie de la sagesse dans la foi chrétienne, le troisième décrit le vieil homme au soir de sa vie espérant dans le paradis, et le quatrième nous dit que la vie a peut être été dure mais que la porte des cieux nous est ouverte.

D’ ar c’hrouadur bihan, e kichenig e gavel

E lakit eur vamm vad, en deiz evel en noz

Er boan hag en anken, hi a daol buan eur zell

War groaz santel Jesuz, he sonj er baradoz
Au petit enfant, près de son berceau

Mettez une bonne mère, le jour comme la nuit

Dans la peine et la douleur, elle jette vite un regard

Sur la sainte croix de Jésus, en pensant au paradis

D’ar pôtr, d’ar plac’h yaouank, c’hwi ‘ziskouez
hent ar furnez

C’hwi ‘lavar : «it gantan heb krena dirag den

Bezit, tud yaouank Breiz, bezit epad ho puhez

Ato gwir gristenien, treitourien birviken !

Au jeune homme, à la jeune fille, vous montrez

La voie de la sagesse

Vous dîtes : allez avec lui, sans trembler devant personne

Soyez, jeunes gens de Bretagne, soyez toute votre vie

Toujours de vrais chrétiens, des traitres, jamais!
D’an den koz, gwenn e benn ,e korn an tan azezet

O skuilh daelou a geuz war e amzer genta

War-lerh kalz a boaniou, c’hwi lavar, Salver karet

Er baradoz e vo eürusted evitan

Au vieil homme, la tête blanche, assis au coin du feu

Versant des larmes de regret sur ses jeunes années

Après tant de peine, vous dîtes, Sauveur aimé

Au paradis il trouvera le bonheur
D’an den diwar ar mez, kenkoulz ha d’an den a vor

C’hwi a ro nerz-kalon da stourm er boan ato

Gouzout a reont, en nenv e kavint oll dor digor

Ar vuhez’vo bet tenn, d’an drubuilh, kenavo

A l’homme de la terre comme à celui de la mer

Donnez la force de toujours lutter dans la peine

Ils savent, qu’aux cieux, ils trouveront toutes les portes ouvertes

La vie aura été dure, aux soucis, kenavo

Eglise de Beuzec cap-sizun ,11 septembre2009,les sonneurs du bagad et des choristes

Créé en 1904 à Goulien, Da feiz hon tadou koz, a eu rapidement une grande notoriété, au delà du Cap sizun, et a été chanté dans toutes les paroisses de Basse Bretagne lors de différentes célébrations, mais aussi de manifestations sans caractère religieux car il est perçu par beaucoup comme un symbole de leur attachement à leur région et à la langue bretonne. Deux exemples permettent de l’illustrer :

Pierre Jakez Hélias dans « Le cheval d’orgueil », parlant de l’église de Pouldreuzic écrit :

« Mais je puis témoigner que le chant le plus fermement exécuté dans l’église de Saint Faron et de Saint Fiacre est Da feiz hon tadou koz, pour lequel l’assistance entière, à la fin de la messe, promet de rester fidèle à la religion de ses pères, jurant de mourir plutôt que de l’abandonner.»

Plus près de chez nous, lors des manifestations contre la construction d’une centrale nucléaire à Plogoff, il fut également chanté. René Pichavant le relate dans son livre « Les pierres de la liberté », en décrivant un accrochage entre 300 opposants à la centrale et les forces de l’ordre :

« On réplique par un cantique jailli de la mémoire, Da feiz hon tadou koz, comme un chant révolutionnaire, Tous, et ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y pensent plus, les racines à vif, reprennent instinctivement l’air des fins de messes, quand l’église fleurait l’encens et bruissaient les soutanes rouges des enfants de choeur. La voix force au passage : Ni paotred Breiz Izel, ni zalc’ho mad atao, (nous, hommes de Basse Bretagne, nous tiendrons bon toujours), et devient cri : Kentoc’h ni a varvo (plutôt nous mourrons ). A bon entendeur, salut.
Les assaillants surpris ont baissé les armes, moment intense ».

Ce cantique reste encore très vivant dans la liturgie catholique bretonne, comme on a pu l’entendre encore en 2019, lors de la grande Troménie de Locronan, quand la foule des pélerins,  à l’issue de son périple de 12 kms,  rentre dans l’église St Ronan pour le salut du saint Sacrement, c’est par Da Feiz Hon Tadou Koz, chanté par tous les fidèles debout,  que se termine la Troménie.

Da feiz hon tadou koz fait partie du patrimoine culturel breton, mais aussi du patrimoine de la commune de Goulien, mais son histoire est mal connue. Cet article avait pour but de relater les conditions historiques de sa création et ainsi mieux comprendre le sens des paroles du cantique, ainsi que les raisons de son succès pendant de si longues années.

Henri Goardon

Remerciements à l’association Triskell Pleyber Patrimoine de Pleyber Christ et à son président Mr Alain Martin pour leur documentation sur l’abbé Abjean et notamment la photo qu’ils ont aimablement mis à notre disposition

Notice descriptive de la chapelle

La chapelle et son architecture :

- La chapelle de Notre Dame de Bonne-Nouvelle, dite aussi chapelle de saint Laurent a été édifiée entre le 14ème et le 16ème siècle. Elle est inscrite aux Monuments historiques depuis 1932.

- La nef et le bas-côté nord serait de la seconde moitié du 14ème siècle. (OPR) . Les piles ne semblent pas antérieures au début du 15e siècle. (B.M.)

- Le chevet, de la première moitié du 15ème siècle. (OPR)

- Le clocher serait fin du 15ème, début 16ème. (P.A.)

- Le croisillon au nord, dédié à Saint-Laurent est ajout de la première moitié du 16e siècle.

On a déjà refait à ce moment-là les armatures en pierre des fenêtres du chœur (remplages).

On a une inscription du 17ème siècle à l’extérieur, sur un contrefort au sud, datée 1634, pour une réfection faite

L’autel latéral

par Mathieu Fily, recteur et Christophe Jadé, fabrique.

La sacristie semble avoir été refaite aussi, car on a deux pierres gravées en réemploi à l’extérieur, une marquée de deux lettres à l’envers G : G, et l’autre (Gu)illou F : tronquée dans un angle.

Une construction qui s’étale donc principalement tout au long du 15ème siècle. Elle a été édifiée par les seigneur de Lezoualc’h, à une époque faste d’un point de vue économique pour le Cap, par les activités maritimes, pêche et cabotage, et en particulier pour la famille Autret de Lezoualc’h. Judicaël Autret avait été nommé receveur ordinaire de la châtellenie ducale de Pont-Croix en 1415, charge qu’il a conservée quasiment toute sa vie. Plus lucrative encore a été l’obtention en 1427 de la charge de fermier des sècheries de Cornouaille, avec Henry de Tréanna. Il avait reçu pour cela 436 écus d’or du Duc de Bretagne. De quoi largement financer des projets de constructions d’une certaine ampleur. Au passage, on peut signaler que les éléments les plus anciens du manoir de Lezoualc’h datent également de cette époque.
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Le mobilier:

- L’élément le plus ancien est la statue dorée en pierre de la Saint Vierge portant l’enfant Jésus dite « vierge à l’oiseau », fin 14ème début 15ème, elle est donc contemporaine de l’édification de la chapelle.

- Peut-être de la même époque, ou plus ancienne encore (14ème ?), la statue de Saint Fiacre en granit qui était autrefois dans la chapelle de saint Laurent, mais les jeunes avaient pris l’habitude de la descendre pour mesurer leur force. Elle est tombée et la tête s’est brisée. Elle est aujourd’hui reléguée à l’extérieur, sur l’un des côtés de l’escalier, et on peut voir que la tête a été recollée. Il manque à Saint Fiacre sa pelle traditionnelle, il ne tient plus qu’un bout de manche.
- Le Christ en croix, dans la chapelle Saint Laurent serait du 15ème siècle, il a évidemment été repeint.

- Les deux plus grandes : Saint Laurent avec son grill, sur lequel la tradition le fait mourir en martyr. On balayait autrefois le pavé au pied de sa statue pour guérir de la courte haleine (tuberculose ?).
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En parallèle, une Vierge de Pitié.
- Les deux plus petites : une sainte famille, avec une vierge en présentation et un Saint Joseph (lys),

- Dans une niche : statuette de l’enfant Jésus (crédence).

- Dans le chœur : une Vierge à l’enfant et un Saint Jean Baptiste.

- les autres statues autour sont du 17ème siècle.

- Les bancs ont été placés entre 1936 et 1944, ils portent les noms des familles de fidèles ayant contribué à cette époque à la restauration de la chapelle. (Recteur : l’abbé Vétel).

 

 

Les abords de la chapelle aujourd’hui.

 

- D’abord le calvaire, dont la base date du début du 16ème siècle. La croix a été détruite sous la Révolution. Une nouvelle croix a été installée en 1901, avec trois nouveaux pinacles pour l’entourer. Des anciens, deux encore subsistent sur un des côtés de l’escalier.
- Les deux fontaines, l’une dédiée à Notre Dame de Bonne Nouvelle (16ème), et l’autre à Saint Fiacre.

- La stèle :
Datée de la Tène ancienne, entre 550 et 400 av. J.C. Elle présente deux entailles horizontales sur une face. On a coutume d’y voir les encoches d’un pilori servant à attacher des condamnés au Moyen-Age. Il est vrai que le lieu avait une vocation de justice, comme on va le voir après. Mais on sait que ces encoches ont été pratiquées dès l’origine de la taille. On a trouvé ailleurs une stèle à encoches « in situ », enfouie en contexte funéraire. Néanmoins l’hypothèse subsiste de voir dans ces entailles des aménagements destinés à assurer le passage d’un lien. On a mis en évidence des rites d’expositions de cadavres durant la période de la Tène, dans des sanctuaires picards (Ribemont sur Ancre), mais aussi dans certaines nécropoles. (Incinération différée après exposition du corps, Titelberg, Luxembourg). Cette stèle serait donc liée à un rituel funéraire gaulois précis.
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Photos

Histoire du grand moulin

HISTORIQUE DU GRAND MOULIN

En 1904, Vincent BOURDON devient propriétaire du Moulin de Kergonvan. Le moulin se situe alors dans la maison d’habitation, il comporte deux paires de meules à roues horizontales à cuillers.

la-meule-dormante En 1910, il fait construire le grand moulin en réutilisant les pierres du moulin à vent qui se dresse alors sur les hauteurs de Kergonvan. Les meules sont actionnées par une turbine. Un arbre principal entraînant deux arbres secondaires verticaux fait tourner deux paires de meules au niveau supérieur du moulin. Au niveau inférieur, un arbre de douze mètres de long entraîne trois paires de meules en ligne. L’eau, venant de l’étang Est (alimenté par les ruisseaux de Meil Pen Bil et de Kerbeulec), suit un passage souterrain et arrive sous le moulin par un conduit en acier de cinquante centimètres de diamètre

Toutefois, pendant les périodes de sécheresse, les sources se tarissent, et il faut tout de même continuer à moudre. C’est ainsi qu’en 1912, un nouveau moyen est utilisé pour actionner la mécanique, c’est le moteur à gaz pauvre. Après avoir allumé un feu de bois, on charge sa chaudière de charbon et on le démarre péniblement à la manivelle. Ses seize chevaux-vapeur remplacent la puissance de la turbine. L’eau, indispensable à son fonctionnement, provient d’un réservoir alimenté par le bief de Kerbeulec, construite pour la circonstance au pignon Ouest du moulin, juste au-dessus du moteur.le-systeme-de-levage

Il est remplacé en 1928 par la roue à augets de six mètres de diamètre et un mètre de large. Cette roue utilise, pour son bon fonctionnement, beaucoup moins d’eau que la turbine. Elle fait fonctionner un rouet vertical qui lui-même entraîne un rouet horizontal de deux mètres quarante de diamètre, raccordé au mécanisme déjà existant. C’est donc en 1928 qu’est créé l’étang Ouest.

le-coeur-du-moulin La majeure partie du mécanisme existe encore. Tous les engrenages sont en fonte, l’une des roues garnies de dents en fonte, l’autre de dents en bois très dur.
En 1934, son fils Joseph commence l’apprentissage de la menuiserie, il est alors âgé de treize ans et demi.. En 1942, grand changement, voici l’arrivée de l’électricité. En période sèche, l’eau ne suffisant plus aux besoins du moulin, elle est remplacée par le moteur électrique de vingt chevaux.

En 1954, le tracteur de marque allemande « ALGAER »fait son apparition au moulin. C’est la bête à tout faire. Il permet d’entraîner le mécanisme composé alors de cinq paires de meules et deux cylindres en acier raccordés à la bluterie. Il permet ainsi d’économiser l’électricité aux heures pleines. Il remplace les chevaux pour la livraison. De surcroît, il sert à labourer les terres, à couper le bois et à battre le blé grâce à son volant d ‘entrainement.

En 1955, la roue à augets cesse définitivement de tourner. En 1963 commence le début de la fin du moulin : la clientèle se raréfie et les broyeurs font leur apparition dans les fermes.

En 1984, fin décembre, le meunier abandonne ses activités professionnelles pour une retraite bien méritée. Il décide donc de « laisser dormir » son moulin pour toujours.

Notice sur l’histoire du manoir

Des éléments du manoir peuvent dater de la fin du 14ème siècle, ou début 15e, notamment la saillie du conduit de cheminée en extérieur, caractéristique des manoirs bretons antérieurs à 1430. (Clouard). On trouve également les motifs de la porte d’entrée en arc brisé sans tympan, et des fenêtres avec chanfreins, pouvant dater du début du 15ème siècle. De chaque côtés de la porte d’entrée se trouvent des têtes en reliefs dans le granit, sans doute d’animaux, aujourd’hui très érodées et non identifiables.

 Transformations au 16e siècle, avec les ouvertures de l’élévation antérieure, la tour renfermant l’escalier a peut-être été ajoutée à cette période. Elle reste néanmoins sa seule voie possible à l’étage, elle est par conséquent contemporaine au corps général du bâtiment tel qu’il se présente.
-Inscription malhabile surmontée d’une croix gravée dans une pierre du couloir d’entrée : FI : 1591 CAT.SMPESER. (??)

 Au 19e siècle, construction d’appentis au nord, de chaque côté de la tour par la famille Urcun, et des parties agricoles : sur le linteau de la porte du fournil inscription gravée FP JEAN URCUN : 1819. Yves Urcun aurait abaissé le donjon de 15 mètres (sic). Du haut de celui-ci, on aurait vu autrefois la mer et la côte de Crozon. (Le Carguet cité par Bernard). Des charretées de pierres provenant du domaine ont été vendues à la commune pour la réfection des routes.

 Le manoir a été modernisé en 1967. Les fenêtres de la façade sud ont été modifiées.

 La métairie :
En 1540, la métairie nommée le «Runyadou » à côté du manoir, était habitée par Mazéas le Sergent, qui devait au seigneur de Lezoualc’h 40 sous monnois à chaque fête de Saint Michel. Elle consistait en une journée de terres chaudes, avec maison et courtil
En 1653, les bâtiments du « Runiadou » étaient ruinés à cette époque. On précisait que cet état datait des guerres de la Ligue, vers 1595. Le domaine comptait 40 journées de terres chaudes, pouvant valoir 60 livres par an.
En 1686, on déclarait sans distinction le domaine dans son ensemble, manoir, cour, jardins, vergers, bois de haute futaie, rabines, bois taillis, colombier, garennes, métairie et toutes les terres attenantes, faisant en tout 65 journées et quart. Le domaine était tenu à simple ferme par Mathieu le Losq et Guillaume le Danzé, qui devaient payer au seigneur de Lezoualc’h, 200 livres par an, y compris le pré de Pontcadiou, proche de Trovréac’h.

 Le moulin :
En 1686, le moulin à eau du manoir était alors chômant et ruiné, avec son étang, biais et détroit. Les aveux antérieurs ne faisaient pas mention de ce moulin.

 La chapelle :
En 1730, à la vente du manoir, on ne parle plus que d’un emplacement de chapelle.

 Le colombier :
Les matériaux du colombier du « Parc ar houldry » ont servi à bâtir la façade de la maison d’habitation d’Yvon Donnart à Lannuet en Cléden. (D.Bernard)

Notice sur la cloche à main

* La cloche de Saint Goulien

la-cloche-a-main-de-saint-goulien La cloche à main de Saint Goulven
Conservée dans l’église paroissiale, elle est en bronze, en forme de pyramide tronquée, avec sur le haut une anse. Le métal a été coulé dans un moule selon la technique de la cire perdue ne donnant qu’un seul exemplaire à chaque façonnage.

On compte cinq autres cloches similaires en Bretagne, et bien davantage en Irlande et au Pays de Galles, dont certaines portent des inscriptions permettant des fourchettes de datations fiables. Dans une étude sur les cloches à main dans la Bretagne primitive, Cormac Bourke propose des regroupements par analogies de formes et de façons. D’après lui, la série des cloches à main de Bretagne, dont celle de Goulien, daterait du 9ème siècle environ, bien que la tradition situe la vie du saint au moins deux siècles plus tôt.

Dans une vie de Saint Goulven transcrite par Albert le Grand au 17ème siècle, et annotée par Guy Autret de Missirien, on lit : « (…) mais sentant cette terre s’appesantir extraordinairement en son sein, il ne pût tenir de regarder ce qu’il portait, et d’où venait cette pesanteur extraordinaire, et trouva que cette terre que Joncour avait jeté en son sein, s’était multipliée de moitié, et convertie en pur or. Saint Goulven ayant su ce qu’il s’était passé, tança Maden de sa curiosité, et de cet or fit faire un calice, trois croix, et trois belles cloches carrées qui avaient un son fort harmonieux, de telle pesanteur, que personne ne pouvait sonner d’une seule main.

L’une de ces cloches a été longtemps gardée avec une de ces croix qu’il portait ordinairement au col, en la sacristie de l’église triviale de Goulven, mais par le malheur de guerres elle a été perdue. La croix néanmoins y a plus longtemps été, au seul attouchement et baiser de laquelle plusieurs malades ont été guéris, et les parjures jurant à faux sur la croix de Saint Goulven étaient punis sur le champ. L’autre cloche fut portée à Lesneven et mise au trésor de l’église de Notre-Dame. La troisième à Rennes, gardée révéremment en la cathédrale avec ses reliques, le seul son de laquelle guérissait les malades
. »

Guy Autret de Missirien, qui était né à Goulien, ajoute : « on garde une quatrième cloche carrée de laiton en l’église Paroissiale de Goulien en Cornouaille, laquelle posée sur la tête des malades les soulage ou guérit entièrement. »

(A. le Grand, Vies des Saints de Bretagne, 3ème éd. 1680.)
(C. Bourke, Les cloches à main de la Bretagne primitive,
Bull. de la Société Archéologique du Finistère, 1982).

Notice sur l’histoire de l’église paroissiale

Tombeaux et blasons sous l’ancien régime:

En 1623, on pouvait voir au milieu du chœur de l’église un tombeau en élévation avec sur le dessus cinq blasons sculptés : trois à la tête dont deux portant le blason de la famille Autret, et un en alliance avec une autre famille ; et deux au pied dont un plein et l’autre en alliance. Chaque côté du tombeau était également orné de trois blasons en alliance sur chaque longueur, et un sur chaque largeur portant plein les armes de la famille Autret. Toujours dans le chœur de l’église, il y avait autour de ce tombeau neuf autres tombes à fleur de sol, qui portaient les mêmes blasons sculptés en relief. Les vitraux étaient également ornés des mêmes motifs. La famille Autret, seigneurs de Lezoualc’h portait blason « d’argent à quatre faces ondées d’azur ». L’extérieur de l’église portait sur ces murs ces mêmes blasons sculptés dans la pierre.
Cette description de l’église vient d’une enquête effectuée les 5 et 6 février 1623 concernant les prééminences de la seigneurie de Lezoualc’h. Il ne s’agit ici que d’un résumé car la liste des signes de la maison Autret est bien plus longue encore, l’église semble en être saturée.
Cette description de l’église est encore valable un siècle plus tard en 1730. On y voyait un grand banc à queue sans écusson près du premier pilier du côté de l’Evangile. Il s’agissait de celui du seigneur de Lezoualc’h. En face, près du balustre et du premier pilier côté de l’épître, un second banc sur l’accoudoir duquel était gravé un écusson mi-parti portant les armes des seigneurs de Kerraret de Charmoy, et celles des Autret de Lezoualc’h. Guy François de Charmoy avait été seigneur de Lezoualc’h de 1671 à sa mort en 1689.
Autrefois dans l’église de Goulien, il y avait des bancs attachés le long des murs. Le prix de la place était de 0.75. (Bernard).

Le grand vitrail :

Il a été détruit dans l’effondrement de 1790, peut-être même avant, et muré à la reconstruction de l’église, faute de moyens. On y a alors enchâssé en remploi une pierre gravée. On lit MICHEL GOUDEDRANCHE 1744. L’inscription est retournée, visible aujourd’hui de l’extérieur de l’église. Michel Goudedranche était de Trovreac’h, peut-être le fabrique de l’église en 1744.
Ce grand vitrail était composé de cinq soufflets en haut, et trois passants verticaux en bas. Dans chacun des trois soufflets extérieurs était visible un blason. Les armes pleines des Autret de Lezoualc’h dans le plus haut, puis dans les deux soufflets suivants, les armes de Lezoualc’h’ en alliance avec celles des épouses des premiers seigneurs Autret de Lezoualc’h, en l’occurrence les familles le Saint et Langueouez.
En haut des trois passants verticaux se trouvaient la suite des alliances matrimoniales, avec toujours en mi-parti les armes des Autret, avec respectivement celles des Moëlien, Picart de Kerganou et Coëtanezre.
Le vitrail offrait ainsi un tableau récapitulatif de la généalogie des Autret de Lezoualc’h. Cinq générations sur une période de 1440 à 1550 environ. Conçu comme un tout symétrique, l’ensemble devait dater des années 1550-1560, puisque l’alliance du seigneur suivant, René Autret, marié en 1567, était absente.

Le trésor :

 Reliquaire en argent doré portant au dos la date de 1557, l’inscription : NOBLE ET DISCRET Mre IAN DE KERGARIOU RECTEUR – HONORABLE HOMME YVES PERROT FABRIQUE 1680. Sur le dessus, armoiries de la famille Autret. Ce reliquaire est réputé contenir des reliques de saint Laurent et de la Terre sainte. En 1680, Mgr de Coëtlogon l’authentifie.

 Croix de procession : inscription en lettres gothiques : « Cette croix appartient à la chapelle de Ntre Dame de Lannourec et à la paroisse de Goulien. –Faict au temps de Guillome Quilivic, fabricque, 1574. » Celui-ci demeurait à Brehonnet. La croix de procession est liée à une fondation à la chapelle par Jean Autret seigneur de Lezoualc’h, le 25 mars 1574. Il inaugure l’exemple de cette pratique dans la paroisse. Pierre Marie Auzas indique que cette croix est d’un type courant, avec poinçon répété quatre fois, aux initiales « G.S. »

Diverses inscriptions dans l’église :

Sur la porte nord de la sacristie, on lit une inscription gravée dans le bois : SDF 1706. Les tables des décès à Goulien ne donnent qu’une possibilité pour ces initiales: Simon Dagorn (v.1677-1730), de Kermaden, le fabrique de 1706. Il sera aussi désigné fabrique de la chapelle de Lannourec en 1712.
On lit également l’inscription V.I.L.C.R 1706, ce qui signifie Vénérable Jan Le Cornec Recteur.
Date de 1743 gravée sur les anciens fonds baptismaux en pierre.

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La réparation de l’église pendant la Révolution :

 En 1790, le clocher s’effondre sur le toit et l’église est presque entièrement détruite. En 1832, le maire déclarera que l’église était tombée de vétusté. Le concours de la foudre n’est pas attesté comme en 1922. Le mur soutenant le clocher était la partie la plus ancienne du bâtiment. Au siècle précédent, on avait remarqué au cours d’un inventaire que le haut du pignon occidental était en apparence la pièce la plus antique de l’église, étant composé de vieilles maçonneries.

 En septembre 1790, la municipalité demande au district de Pont-Croix l’autorisation de pouvoir disposer des deniers de la fabrique pour sa reconstruction. Elle possède une créance de 3100 livres sur le clergé de France, sur deux constitutions établies en 1777. Elle demande de prélever 1800 livres sur cette somme. Le restant doit suffire à rembourser les vieilles rentes dues à l’église par des particuliers. On demande également l’autorisation d’une imposition extraordinaire sur les habitants pour compléter la somme nécessaire. Les deux assesseurs nommés pour présenter cette demande sont l’incontournable Mathieu Kerloc’h de Mesmeur, et Clet le Moign de Lannourec. Le maire est Alain Trividic : les officiers municipaux : Jean le Bars, Henri le Moan, Clet le Moign et Daniel Goraguer. Se joignent à eux quelques « notables » : Yves Priol, Jean Quéré, Yves Riou, Jacques Donnart, Pierre Jalm, Jean Moulec, Jean Donnart, Yves Louarn, Jean Porlodec, Jean Chapalain, Simon Normant. Yves Urcun était procureur et secrétaire greffier.

 Le 4 octobre, le disctrict de Pont-Croix appuie la demande du conseil de Goulien au département, pour le déblocage des fonds.

 Le 12 octobre, le district prévient le conseil municipal que le moment n’était pas très favorable à sa demande. Celui-ci est autorisé à établir une petite imposition supplémentaire sur les habitants.

 En janvier 1791, la maçonnerie est entièrement achevée, sauf celle du clocher. Une partie de la toiture est également posée. Le portique de l’ancienne église a été conservé et relevé au sud. Mais les fonds sont épuisés et les ouvriers ont quitté le chantier car ils n’ont pas été payés. La municipalité demande au district l’autorisation d’employer les fonds que le fabrique Jean le Bras et le recteur Olivier le Pappe, ont à leur disposition. (Loyer du presbytère, sommes provenant du chœur). La maire est Germain Kersaudy.

 En mai, le maire Daniel Goraguer, de Kerguerrien, passe un marché avec les maçons Grégoire, et Jacques Bernard, de Lannedern, et Joseph Bernard, de Loqueffret, pour la somme de 1240 livres dont 440 livres sont payées comptant, afin d’achever la maçonnerie, avec entre autres les conditions suivantes :

 Les matériaux doivent leur être fournis, avec les cordages nécessaires pour l’échaffaudage.

 La flèche doit être reconstruite sur le modèle de celle de l’église de Primelin, ou bien celui de la chapelle de Lannourec, selon l’option de la commune.

 La somme de 800 livres restante sera payée pour moitié lorsque l’on sera rendu à la plateforme du clocher, et le restant à la fin de l’ouvrage.

 En août, le nouveau maire Germain Kersaudy, et le conseil municipal réitèrent leur demande de fonds. Les maçons ne sont pas venus faire le travail prévu. On réclame que les fonds de la fabrique soient entièrement utilisés, ainsi que ceux détenus par le recteur, provenant de ses prédécesseurs pour la réfection du chœur. En cas de refus, on demande à pouvoir emprunter 3000 livres. Le maire Germain Kersaudy était né à Plogoff en 1754. Il s’était installé en 1779 à Brehonnet, par son mariage avec Jeanne Olive Trividic, fille d’Alain Trividic, lui-même maire l’année précédente. Autour du maire, on trouve les membres du conseil municipal : Yves Urcun, procureur de la commune, Daniel Goraguer, Jean Donnart, Jean le Moullec de Pennarun, Jean Canté et Clet le Moign. Sont également présents Jean Guézénec, Alin Donnart, Jean Quéré, Jean le Moullec de Trévern, autre Jean Quéré, Yves Priol, Jean Chapalain, Jean Porlodec, Jean Daniel Quideau, Primel Castel, Yves le Velly et Pierre Jalm.

 En mars 1792, le conseil municipal formule une nouvelle demande, en précisant que lors de la démolition de l’église après son effondrement, on espérait récupérer les 1800 livres de la constitution sur le clergé. C’est la politique « très heureuse » du nouveau pouvoir qui a changé la donne en cours de route, et a mis la municipalité dans l’impossibilité de régler de nombreuses dettes envers les artisans, vitriers, maréchaux, marchands pour les planchers, le fer , la chaux etc.
La flèche n’est pas encore installée, et on hésite encore. Pourquoi pas un dôme finalement. L’église est belle de l’extérieur, mais l’intérieur ne présente que les débris d’un vieux maître autel vermoulu. Il y en avait trois corrects avant la catastrophe. Il n’y a plus de tableaux, plus de chaire à prêcher ni crucifix dans la nef.
On réclame 2100 livres au disctrict. Avec le maire , Daniel Goraguer, signent Jean le Bras procureur de la commune, Jean Donnart, Jean le Moullec, Jean Canté, Guillaume Gloaguen, Yves Riou, Allain Donnart, Michel le Deuffic, Jean le Bis, Clet Gloaguen, Yves le Velly, Primel Castel, Jean le Peoch, Jacques Donnart, Joseph Quéméner, Jean Guezennec, Jean le Quéré, Jean Quideau, et Jean le Moullec, secrétaire greffier.

 En avril 1792, le maire Daniel Goraguer se propose de prêter en son nom 600 livres à la commune. On espère encore le déblocage des constitutions sur le clergé. L’affaire est alors entre les mains des députés de Paris.
Pour la reconstruction de la flèche, on prend finalement le parti le plus économique : celui de faire venir pierre par pierre le clocher de la chapelle ruinée de Lochrist en Beuzec Cap Sizun, entre Pont-Croix et Confort. Sous l’ancien régime, la corvée d’entretien des grands chemins, instituée depuis 1730, se faisait justement dans ce secteur pour les habitants de Goulien.

 Le 7 février 1793, a lieu l’inventaire des objets en argent de l’église de Goulien en présence de Joseph Guezno commissaire du directoire de Pont-Croix, Daniel Goraguer, maire de Goulien, Jacques Donnart et Jean Quéré, officiers municipaux. L’église se trouve singulièrement pauvre en mobilier. Trois calices et un ciboire, le tout patiné d’argent, un soleil qui se monte dans un pied d’un des calices, et pour ranger le tout, une armoire. La suite de l’inventaire concerne le mobilier de la chapelle de Lannourec, décrit au prochain chapitre, où l’on trouve la preuve que certains objets ont été dissimulés.

Destruction du clocher par la foudre, le 7 mars 1922 :

En s’écroulant, le clocher épargna cette fois le reste de l’église. La reconstruction ne concernait que la flèche, la balustrade, et les vitres qui avaient explosées. Néanmoins les dépenses à engager étaient évidemment une nouvelle fois au dessus des moyens de la municipalité. Une demande de subvention au département échoua. Il fallut se tourner vers la solution de l’emprunt. Le projet fut confié à Mrs Ruer et Mony, architectes à Douarnenez, qui établirent le plan de la nouvelle flèche, ainsi que le cahier des charges. Le coût des travaux s’élevait à 23000 frs environ. Le 12 décembre 1923, la commune procéda à l’adjudication publique des travaux à l’entreprise la mieux disant.
C’est Jacques le Bars, entrepreneur à Plouhinec qui emporta le marché. Il fut convenu d’un prix global de 26051 francs. Les travaux ne devaient pas durer plus de huit mois. Ils furent achevés en juillet 1925. La réception définitive eut lieu au mois de septembre, avec 1106 francs de dépassement.
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Les cloches :

 Une cloche avait été fondue en 1760. L’inscription indiquait la fonction protectrice de la cloche : ECCE + CRUCEM . DOMINI . FVGITE . PARTES. ADVERSAE . (Voici la croix du Seigneur, fuyez puissances ennemies) CAMPANA . HAEC . BENEFA (pour cela, la cloche est efficace) + ELEEM… PRAESIDIS A. D. MDCCLX. – DOMINICVS CIANI . FECIT. (Dominique Ciani l’a faite l’an du seigneur 1760). Ce nom semble indiquer un fondeur étranger à la région, parcourant le pays pour exercer son industrie. Si la prière portée sur la cloche n’a pas été si efficace en 1790, quand le clocher s’effondra, elle a tout au moins survécu à la catastrophe. On trouve la description de cette cloche dans la notice sur la paroisse de Goulien publiée en 1911 par Peyron et Abgrall.

 La seconde cloche, au sud, porte l’inscription suivante : « FAITE EN 1846 POUR L’EGLISE DE GOULIEN, J’AI ETE NOMMEE JEANNE MARIE – PAR JEAN LE MOULLEC ET MARIE ANNE DAGORN, HENRI JANNIC RECTEUR- MATHIEU LE DREAU, MARIE ALLAIN DONNART, TRESORIER. En 1847, on a payé à Viel fondeur, pour fondre deux cloches et leurs fournitures 315 frs 90.

 1885 : La plus grande des cloches, celle du nord, a été refondue, toujours chez Alphonse Viel à Brest.

 Croix de l’enclos datée 1827 ; inscription : YES GEN MIE ANE GGE : sans doute les noms abrégés du parrain et de la marraine de la croix. Les trois lettres de chaque série correspondent à la première et aux deux dernières du prénom ou du nom. On a donc YvES G—EN, et MarIE AnNE G—GE

Notice sur les stèles du bourg

Trois stèles gauloises de l’Age du Fer, aujourd’hui dans l’enclos de l’église.

Datées de la Tène ancienne, entre 550 et 400, voire 350 av. J.C. (Daire 2005). Elevées à l’origine comme stèle funéraires liées à des nécropoles à incinération.

 Une stèle haute (env. 2,80m) à section circulaire cannelée, caractéristique de la Basse Cornouaille. Le sud du Finistère regroupe 77% des stèles de ce type. On en recense 7 dans le Cap Sizun. Un aménagement en creux au sommet de la stèle fait penser qu’elle a pu un temps recevoir une croix, comme cela se trouve sur d’autres stèles de ce type. Ce monument était autrefois hors de l’enclos paroissial, placé sur une base de croix élevée de trois marches d’après Flagelle en 1878. Ce qui n’est visiblement plus tout à fait le cas sur la carte postale.
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 Une seconde stèle haute (env. 1,70m) à section quadrangulaire. Les arrêtes sont tronquées (épannelures). Ce type de stèle se retrouve en majorité dans le Léon. Sur chaque face deux rainures parallèles verticales, divisant la face en trois bandes de largeurs égales. Cette dernière caractéristique ne semble pas entrer dans une typologie particulière. En 1878, M. Flagelle précisait que cette stèle était alors placée contre la cour d’une ferme, à 100 mètres à l’est du bourg.

 Une troisième stèle d’environ un mètre de hauteur, de section carrée est visible dans l’enclos. Flagelle décrivait toujours en 1878, une stèle semblable, peut-être celle-ci, enchâssée dans un mur, à 20 mètres au nord de la seconde.

Notice sur Guy Autret

-Vers 1599 : Naissance de Guy Autret,vraisemblablement au manoir de Lezoualc”h. Il a pour parrain Guy de la Fontenelle. Ce parrainage a sans doute été décidé par l’ancien ligueur, alors devenu gouverneur de Douarnenez, dans des circonstances qui ne laissaient guère de choix à ses ennemis, et qui ont été peut-être regardées comme mortifiantes et humiliantes par les Autret. Ceux-ci suivaient alors avec toute l’abnégation possible les décisions du pouvoir royal, qui venait de faire le choix de légitimer La Fontenelle, afin de pacifier la région, avant de laisser un peu plus tard la machine judiciaire le conduire en place de Grève. Dans un style contourné propre au siècle, Guy Autret reniera fermement ce parrainage « Je ne lui ai pas tant d’obligation à sa mémoire de m’avoir donné son nom au baptême que de sévir contre ses cendres (…) pour avoir (…) fait assassiner mon grand-père ».
Marié à Blanche de Loheac, puis à Françoise le Borgne en secondes noces, il demeure cependant sans postérité.

 Vers 1628 : Il récupère les propriétés de Lesergué. Le titre était jusqu’alors détenu par son demi frère Yves.

 1634 : Guy Autret vit au manoir de Lesergué en Ergué-Gabéric, mais possède une autorité sur les affaires de Lezoualc’h, que son demi frère compromet. Se méfiant sans doute des allégations de ce dernier concernant la disparition de papiers de famille, Guy Autret fait effectuer une enquête civile à Goulien, afin d’établir par témoignages directs les dommages réels infligés au manoir par les ligueurs quarante ans plus tôt. Il apparait qu’une grande partie des actes et garants conservés au manoir furent effectivement détruits à ce moment là, comme le confirment les témoins encore vivants en 1634. La démarche de Guy Autret vise avant tout le rétablissement des prééminences de justices de la seigneurie de Lezoualc’h.

 1637 : Guy Autret publie des “Annotations sur les lettres patentes du Roy portant commission de convoquer le ban et l’arrière-ban de Bretagne“…

 1642 : La seigneurie de Lezoualc’h retrouve ses prééminences de basse, moyenne et haute justices sur ses terres, suspendues depuis les guerres de la Ligue. Cette restauration est sans nul doute l’œuvre de Guy Autret. Il est d’ailleurs très actif dans ce genre d’affaire dans ses propres terres d’Ergué-Gabéric à cette époque.

 1644 : Guy Autret de Missirien rédige deux articles pour la Gazette de France, dont un sur le retour d’Henriette de France.

 Vers 1650 : Guy Autret est malade, et l’on pense que sa fin est proche. Son ami Julien Furic, avocat et auteur de « l’Usement de Cornouailles », compose en son honneur une épitaphe, qui, faute d’être employée à ce moment, se retrouve servir la gloire des deux amis dans un supplément à “La vie des Saints” d’Albert le Grand.

 1652 : En juillet, la mort de son filleul Guy Autret de Lezoualc’h porte sans doute un coup très dur à un homme qui consacrait une partie de sa vie à résister au déclin de sa famille de petite noblesse rurale, et dont l’œuvre n’a servi qu’à en éclairer le terme. Au-delà de l’affection qu’il devait porter à son filleul, cette mort marque en effet la fin de la lignée patronymique des seigneurs Autret de Lezoualc’h.

 1655 : Guy Autret de Missirien afferme le manoir de Lezoualc’h et ses dépendances pour sept ans et 2400 livres annuelles à Ecuyer Mathurin Bougeault et demoiselle Jeanne Kerouren, sieur et dame de Rest-an-Roue.

 1655 : Publication d’une Vie de saint Joachim – aujourd’hui disparue. La même année il publie son Dessein et projet de l’histoire généalogique de Bretagne, mais celui-ci restera inachevé.

 1659 : Il réédite en l’augmentant la Vie des Saints de la Bretagne d’Albert Le Grand.

 1660 : Il meurt à Paris après une intervention chirurgicale. Sa correspondance avec Pierre d’Hozier sera publiée en 1899 par le Comte de Rosmorduc. Un complément sera publié en 1940 par Daniel Bernard.

Notice sur Clet Quideau

-Né à Kermaden en Goulien, en 1784, Clet Quideau a suivi pendant deux ans un enseignement primaire à Lesven. Pour recopier les principales règles d’arithmétique, il a fabriqué un gros cahier qui devint une sorte d’almanach familial. A côté de problèmes d’arithmétique et leurs solutions, il recopie tout ce qui passe à sa portée, quittances, actes notariés. Il interroge manifestement un aïeul pour composer une page de généalogie de la famille à Kermaden. Il est engagé dans les troupes de Napoléon par la conscription de 1805. Il a tenu tout au long de ses neuf années de marches à travers l’Europe un journal intitulé par lui « voyage militaire ». Très factuel, il y inscrit très peu d’impressions personnelles. Il est revenu en novembre 1814 à Kermaden avec le grade de sergent-major.

Quelques illustrations de son cahier d’arithmétique :
ornement dessin-dun-clocher

cahier-militaire

 Un accroc traverse de part en part son cahier militaire. Il en donne l’explication dans les dernières pages « déchirez le 5 mars 1812 à Moda d’un coup de balle ». (Moda se trouve en Espagne)
A la date indiquée, il note dans son journal: « Grand combat de 11h à la nuit. Perte de 450 sur 800 h. notre fuite. »

Ti Felix

ti-felix-22-mars-201522 mars: le chantier de Ti Felix avance, la charpente est posée, le jointoiement des murs est en cours, le nettoyage du terrain se poursuit.

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22 février: le chantier de Ti Felix se poursuit, les employés du CIAS ont mis en place un échafaudage et procédé au piquage des joints sous la conduite du maître d’œuvre Christian Lioto (derrière les barreaux !).

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Fin janvier : les travaux de rénovation de Ti Felix ont commencé.

ti-felix

ti-felix-la-tombe-du-berger-allemandLe chantier d’insertion du Centre Intercommunal d’Action Sociale du Cap Sizun a procédé au défrichage des abords, et a retrouvé une dalle de béton, en bas de la maison, qui est en réalité la “tombe” d’un chien berger allemand, mort il y a une quarantaine d’années, et auquel son propriétaire Roger Baudry, petit- fils de Felix, tenait beaucoup.

ti-felixLa toiture et la charpente ont été enlevées, les travaux de maçonnerie vont pouvoir débuter.

Toponymie du littoral de Goulien par J.Y. Monnat

La toponymie du littoral de Goulien

La toponymie du littoral de Goulien


On l’a souvent dit et écrit, mais je ne crois pas inutile de le répéter. Nous vivons dans une région du monde où les milieux et les paysages, si naturels nous paraissent-ils, ont en général été profondément marqués de l’empreinte humaine. Les falaises maritimes ainsi que les pelouses et les landes qui les couronnent n’échappent pas à la règle. Ici, le quadrilatère d’un champ clos, là, une carrière de « tuffaut », plus loin, une mare, et tout en bas, à peine au-dessus du niveau de la mer, un pieu rouillé : autant de témoignages évidents d’une exploitation agricole jusqu’à la limite des abrupts et d’activités de pêche dans des endroits qui paraîtraient inaccessibles à beaucoup.
Un autre témoignage tout aussi convaincant de l’occupation totale de l’espace littoral par les capistes est la profusion et la précision des noms qu’ils ont donnés aux moindres parcelles de lande et aux plus petits rochers de leurs falaises. Mais ce type d’indices est moins accessible que le premier ; c’est dans la mémoire des gens qu’il faut aller les rechercher. Car la falaise, celle de Goulien comme les autres, est de moins en moins fréquentée par ses riverains. Les moutons ne pâturent plus depuis longtemps l’herbe des pentes, et rares sont les paysans qui mènent toujours leurs bêtes paître sur la lande. Pris dans l’engrenage de l’agriculture moderne, le cultivateur capiste prend de moins en moins le temps d’aller à la côte mouiller son casier à crabes, pêcher le congre, la vieille ou le lieu. Ainsi se perd d’année en année l’habitude de nommer les pointes, les criques, les places de pêche, les rochers et les chemins.
Étant de ceux qui croient que tout cela constitue un patrimoine qu’il est important de conserver et de restituer, j’ai passé une partie de l’été 1982 à recueillir les noms de lieu de la côte de Goulien. Nul doute que cette étude soit incomplète et imparfaite. Je m’en excuse auprès des personnes de Goulien qui on eu la gentillesse de me faire part de leurs connaissances et parfois de
m’accompagner sur le terrain pour mieux illustrer leurs propos. C’est en tout cas un plaisir pour moi de les remercier ici : MM. Jean-Marie Quéré et René Laouénan pour les secteurs de Kergulan et Kerisit, Yves Kerninon pour la côte de Kermaden, Jean-Yvon Griffon pour Bremeur, Kerguerriec et ailleurs, Jean-Pierre Dagorn pour Kerguerriec, Jean Mens et Jean-Yvon Bonis pour la côte de Kerguerriec et Lezoulien, Alain Brénéol pour Lezoulien et ailleurs.
Brest, automne 1982

Trente ans après

Près de trente ans ont passé depuis que j’ai écrit ce texte en introduction d’un petit travail sur la toponymie de la réserve de Goulien. À l’époque, j’avais la ferme intention de poursuivre cette entreprise. Il restait d’abord, bien entendu, à publier les toponymes correspondant au tronçon de côte situé hors réserve entre Beg Linennou et Porz Pornejen. Je dois à ce propos m’excuser auprès de Jean-Yvon Griffon : il fut, au cours de l’été 1982, mon principal informateur pour ce secteur, et il aura dû attendre plus de vingt ans pour que je rende enfin public ce qu’il m’avait si gentiment appris. Gand ar vez ! Au-delà, je désirais également compléter l’inventaire des noms de lieux littoraux de Goulien, jusqu’à la limite avec Cléden, en poursuivant ma collecte à l’ouest du Milinou, ce que je n’avais pas abordé à l’époque. Et – pourquoi pas ? – étendre l’enquête à l’ensemble du Cap Sizun.
Mais voilà, d’autres activités ont pris le dessus, et peut-être un peu de négligence… Qu’est-ce qui m’a décidé à reprendre enfin mon bâton de pèlerin ? En premier lieu, sans doute, mon départ à la retraite à l’automne 2002. Installé à Penn ar Run Izella depuis lors, j’ai à l’évidence plus de loisirs et de proximité pour y penser et partir en enquête quand l’envie m’en prend, pourvu que les personnes détenant traditionnellement cette connaissance soient disponibles, cela va sans dire. En second lieu parce que, depuis 1982, je garde en moi un sentiment frustrant d’inachèvement. Pendant tout ce temps, même si je n’y ai pas consacré le temps que j’aurais pu, ou dû, j’ai glané quelques noms ici et là, sur Plogoff, sur Cléden, sur Beuzec. Ne reniant pas un mot de ce que j’écrivis voici vingt ans, je ne pouvais que regretter la perte inéluctable de ce patrimoine, dans un temps où, bien plus encore qu’à l’époque, la fréquentation des criques, des pointes et des pentes par leurs riverains se réduisait chaque année davantage. Au fil de ces deux décennies, combien d’emplacements de pêche ont-ils définitivement disparu des mémoires, combien de sentiers se sont-ils enfrichés au point de n’être plus discernables de la végétation qui s’épaissit alentour ? Or, si la fréquentation s’amenuise, la mémoire s’érode au même rythme, sans parler de celles qui disparaissent. (Doue d’o fardono).
De plus en plus démangé par l’envie de renouer avec mon enquête, il n’a fallu qu’un déclic pour que ma décision soit prise. Ce qui s’est produit à l’occasion d’une longue discussion à bâtons rompus (comme toujours) avec Jean Gloaguen et Jean-Pierre Mens, devant l’entrée de la réserve un beau samedi d’octobre 2003.
Depuis lors, les choses ont suivi leur cours, au rythme des moments laissés libres par mes autres activités. C’est ainsi que Jean-Pierre Mens m’a accompagné dans les falaises de Lezoulien en novembre 2003 et que, rencontré près de la réserve en septembre 2005, Michel Donnart m’a indiqué quelques noms nouveaux dans le secteur de Kergulan. Enfin, en septembre 2005 également, j’ai passé de longs moments en compagnie de Jean-Yvon Le Louarn de Meilh Kerharo, sur le terrain et chez lui. Outre la pointe de Penharn qu’il connaît comme sa poche, il m’a fourni d’assez nombreux noms pour le secteur de Loédec, dont une bonne part sur le littoral de Goulien.
Après quoi, trouver des mémoires susceptibles d’ajouter des nouveautés à cet inventaire est devenu bien difficile. Peut-être la parution de mon petit travail dans le bulletin municipal réveillera-t-il quelques souvenirs chez ses lecteurs.
Goulien, printemps 2012
Jean-Yves Monnat – Pennarun – Goulien

Quelques termes répandus

- Beg (eur beg). Pointe, cap, promontoire, mais aussi sommet de falaise ou de colline.

- Kouar (eur c’houar). Ruisseau, mais aussi chenal entre la côte et certaines roches ; lorsque ce terme est employé dans le deuxième sens, il se distingue généralement d’un san (voir plus bas) en ceci qu’il est plus large et moins encaissé.

- Karn (eur c’harn). Amas de roches. Le sens de ce mot ancien n’est plus compris par les bretonnants ; il est par conséquent souvent déformé, notamment en korn. Il entre dans la composition de plusieurs toponymes proches sur le secteur de Lezoulien.

- Karreg (eur garreg). Roche ou rocher. Sans doute le terme le plus fréquent. Désigne le plus généralement une grande roche isolée de terre.

- Korn (eur c’horn). Coin, angle.

- Kougon (eur c’hougon). Traduit ici par « gorge », faute de mieux. Il s’agit là d’un terme particulier au vocabulaire du Cap Sizun . Comme porz, un kougon désigne une entaille dans le trait de côte, mais la différence entre les deux n’est pas toujours évidente. En principe, un kougon type est une entaille profonde, étroite, au fond inaccessible et ne séchant pas alors que le terme de porz est plutôt réservé à des criques plus ou moins larges, mais comportant une grève accessible. Il y a des exceptions à cette règle, dans les deux sens. Ainsi, dans le secteur de Kerguerriec, Porz ar C’Hrabos correspond-il tout à fait à la définition que je viens de donner d’un kougon, et l’entaille nommée Ar C’Hougon dans les falaises de Lezoulien possède une grève parfaitement accessible depuis Porz ar C’Harn. Il faut également signaler un toponyme associant les deux termes : Porz ar C’Hougon, également situé dans le secteur de Lezoulien.
Louarn. Renard, prononcé laouarn à Goulien. Ce mot, souvent trouvé dans les noms de lieu, désigne sans doute le plus souvent l’animal, mais il pourrait s’agir du nom de famille Le Louarn (Al Louarn) dans certains cas.
Men (eur men, et pluriel mein, ar vein). Pierre. S’applique très généralement à des roches de plus petite taille que le terme karreg. Contrairement à ce dernier, il peut correspondre à de simples récifs.

- Mene (eur mene). Littéralement « montagne », mais aussi colline, falaise ou même lande sur le bord de mer où les sommets de falaises sont couverts de landes. Dans le Cap, ces zones sont aussi désignées sous l’appellation de mene an aod (lande de mer ; « lande » doit être compris ici comme « étendue couverte de lande ») ou, plus brièvement, mene ’n aod et même men’od. Ce terme est généralement accouplé au nom du village dont dépend la lande en question : men’od Kergulan, men’od Kermaden (lande de mer de Kergulan, de Kermaden)…

- Milinou. Ce terme, que l’on retrouve dans le nom de quatre grosses roches isolées à Goulien, pose problème. On serait a priori tenté de traduire par « moulins » puisque, dans la majeure partie de la Basse Bretagne, moulin se dit milin (eur vilin, pluriel milinou). Or, il se trouve que dans le sud du Finistère, moulin se dit meihl (eur veilh, pluriel meilhou) et que les bretonnants de Goulien ne savent donc pas, sauf exception, interpréter milinou. Il n’est pas impossible que ces Milinou soient le vestige d’une époque, assurément très ancienne, où le mot breton désignant le moulin était le même partout. Si tel n’est pas le cas, ces toponymes resteraient intraduisibles.

- Pladenn (eur bladenn). Roche plate généralement rattachée à la côte, couvrant ou non, et constituant généralement un emplacement de pêche.

- Porz (eur porz). Crique, baie (voir à Kougon).

- Pouloudenn (eur bouloudenn). Traduit ici par « grumeau ». Toponyme régulièrement rencontré à Goulien, désignant en général une petite roche détachée, de forme assez régulière comme son nom l’indique, et couvrant ou non.

- Ravazenn (pluriel ravazinier). Brisants. Hauts-fonds rocheux généralement visibles par fort coefficient et grosse mer.

- San (eur zan). (voir aussi kouar) Traduit ici par « couloir ». En fait, passage étroit entre un îlot rocheux et la falaise, ne séchant pas sauf exception. Ce terme, rare sur le reste des côtes bretonnes, est systématique à Goulien : la plupart des roches isolées à proximité immédiate de la côte ont leur san.

- Tal (eun tal). Littéralement « front ». Ce mot désigne l’extrême pointe d’un îlot ou d’un cap. Il n’est guère utilisé que dans l’expression War an Tal désignant un coin de pêche et traduisible par « à l’extrémité » ou « vers le large ».

- Toull (eun toull). Trou, dans tous les sens du mot français : trou de pêche, grotte, gouffre, etc.

Orthographe
C’est là une question délicate et controversée. En règle générale, plutôt que de me plier à une orthographe orthodoxe, j’ai d’abord essayé de m’adapter à la prononciation locale tout en m’efforçant de respecter certaines règles à peu près unanimement reconnues. Je crains que les ayatollahs de ces questions ne me pardonnent pas ces écarts. Tant pis !
Je me contenterai de rappeler brièvement qu’il n’y a pas de « e » muet en breton. Conformément à l’usage orthographique, je n’en ai accentué aucun, même s’il n’est pas toujours facile de savoir s’il faut dire « é » ou « è ». À titre d’exemple, Kenepe se prononcera « Quénépé », et Kabore, « Caboré » mais pladenn, karreg, meilh… « pladènne, carrèque, mèyle… » Le son « que » est systématiquement rendu par la consonne « k » plutôt que par « qu » ou « c ». La « jota » bretonne est classiquement rendue par « c’h » ; ce c’h est considéré comme une consonne unique, ce qui fait que sa majuscule est « C’H » et non « C’h ». Il faut par ailleurs préciser que, dans le Cap Sizun comme en Bigoudénie, le son c’hw se prononce f. Ainsi c’hwi (vous) se dit fi, c’hwec’h (six) fec’h… J’ai conservé cette prononciation dans l’orthographe : Beg an Alfiou pour Beg an Alc’hweiou, Fezerez pour C’Hwezerez, etc.

1ère partie : De Porz Ar Valc’h à Pors Kanape

Les noms de lieux se succèdent de la limite avec Beuzec Cap Sizun vers la limite avec Cléden Cap Sizun
de-porz-ar-valc-h-a-pors-kanape

- Ar Valc’h (signification inconnue). Court ruisseau faisant la limite entre les communes de Goulien et Beuzec. Deux petits moulins y étaient jadis établis (des restes de murs enfouis dans la végétation subsistent toujours), portant ensemble le nom de Meilh ar Valc’h (moulin du Valc’h), le vallon étant lui même nommé Stang ar Valc’h (vallon du Valc’h).

- Porz ar Valc’h (crique du Valc’h). Crique située à l’embouchure du Valc’h.
Toull Touf (trou « touf »). Nommé d’après le bruit que produit la houle quand elle s’engouffre dans ce trou situé entre le déversoir du Valc’h et le fond de Porz ar Valc’h.

- Karreg an Dour (rocher de l’eau). Grand rocher au milieu de Porz ar Valc’h.
Porz ar Vroenneg (crique de la jonchaie). Grande crique évasée, mais très peu accessible, entre la clôture orientale de la réserve et Karreg ar Skeul. La référence aux joncs reste énigmatique. La zone ne comporte pas de suintement d’eau douce, et le seul jonc susceptible de venir dans les criques maritimes (le jonc aigu, Juncus acutus) est, à ma connaissance, absent de la côte nord su Cap Sizun.

- Toull Uhel (trou haut). Simple place de pêche, très haut au-dessus de la grotte située immédiatement à l’est de Kornabro.

- Kornabro (signification inconnue). J’ai aussi entendu Kornagro et Kornabat. Dans ce dernier cas, cela pourrait être interprété comme Korn ’n Abat (le coin de l’abbé ou le coin de Labat, nom de famille). Il s’agit d’un coin de pêche d’accès difficile, immédiatement à l’est de Karreg ar Skeul.

- Karreg ar Skeul (rocher de l’échelle). Rocher extrêmement escarpé qui doit son nom au fait qu’on allait y pêcher en passant sur une échelle posée au dessus du san à basse mer . (L’échelle était laissée sur place, côté terre.) Des guillemots y ont niché jusque dans les années 1950, et des océanites plus récemment.

- San Karreg ar Skeul (couloir de Karreg ar Skeul). Chenal étroit entre la falaise et Karreg ar Skeul.

- Ar Boullenn (la flaque). Trou d’eau à basse mer, à mi-chemin entre l’entrée de San Karreg ar Skeul et Porz an Halenn.

- Tal ar Boullenn (face à la flaque). Coin de pêche à terre d’Ar Boullenn (deux emplacements).

- Kulanou (signification inconnue). Grandes roches très escarpées, en mer. Sans doute à rapprocher du nom de village Kergulan au droit duquel elles se trouvent. Une très importante colonie de guillemots en a occupé le sommet jusqu’à la fin des années 1950.

- Karreg Koc’h (roche [couverte de] fiente). Rocher secondaire des Kulanou, le plus petit, à l’ouest de la roche principale.

- Ravazinier Kulanou (brisants de Kulanou) .

- Porz an Halenn (crique du sel). Prononcer Porz ’n Halenn. Première crique à l’ouest de Karreg ar Skeul, sous l’un des deux grands points d’observation des oiseaux de la réserve. On allait autrefois y récolter un peu de sel dans de petites flaques asséchées.

- Karreg al Louarn (roche du renard). Pointe séparant Porz an Halenn de Porz al Louarn.

- Porz al Louarn (crique du renard). Crique très étroite et profonde entre Karreg al Louarn et la pointe de Vein Zu.

- Ar Vein Zu (les pierres noires). Pointe et ensemble de rochers descendant de -Beg an Alfiou vers le nord-ouest. On peut y distinguer plusieurs éléments.
Karreg ar Vein Zu (roche des pierres noires). Très gros rocher séparé de la pointe proprement dite par un san n’asséchant jamais (San ar Vein Zu, couloir de Vein Zu). Un gros bloc coincé au-dessus du san permet toutefois d’accéder au karreg pour y grimper (escalade). On peut pêcher à terre, de part et d’autre du san.

- Ar Bouloudenn (la roche ronde). Petite roche située à l’ouest de Karreg ar Vein Zu. Elle couvre à marée haute, mais constitue, par temps très calme, un coin de pêche accessible après la mi-marée.

- Beg an Alfiou (promontoire des clefs). Prononcer alfi-ou. Sommet rocheux très exposé qui constitue le point d’observation principal de la réserve.

- Parennad Beg an Alfiou (parcelle de Beg an Alfiou). Longue parcelle de lande rase au sud de Beg an Alfiou, juste à l’est du chemin principal de la réserve.

- Karreg Disklao (roche parapluie). Grande roche située sur la falaise, à l’entrée de Porz ar Wreg, côté Vein Zu. Une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas d’un toponyme traditionnel. Cette roche a été baptisée ainsi dans les années 1980 par Pierre le Floc’h, animateur à la réserve, parce qu’elle constitue un excellent abri pour qui veut continuer à observer les oiseaux de Kastell ar Roc’h sous la pluie. Va pour Karreg Disklao !

- Porz ar Wreg (crique de la femme). Vaste crique entre Vein Zu et Kastell ar Roc’h. L’accès à la grève était autrefois très difficile. Il est désormais presque impossible du fait d’un gigantesque éboulement qui s’est produit vers la fin des années 1990.

- Al Len Neve (la mare nouvelle). Petite dépression humide dont on a autrefois extrait de l’argile, dans la lande en arrière de Porz ar Wreg.

- Kastell ar Roc’h (château de la Roche). Cette grande falaise, l’une des plus hautes sinon la plus haute du Cap Sizun a longtemps abrité l’une des populations d’oiseaux de mer les plus riches de Cornouaille : guillemot, pingouin, mouette tridactyle, cormoran huppé, goéland argenté… Elle partage le terme kastell avec les pointes de Kastell Kozh (Beuzec) et Kastell Meur (Cléden). Sans doute faut-il voir là une référence au fait qu’il s’agit dans les trois cas de « caps barrés », réduits défensifs occupés de très longue date par l’homme. Des restes de murs au sommet de Kastell ar Roc’h et sur les grandes corniches de sa face nord témoignent de cette occupation ancienne. La légende locale veut en outre que ce soit là l’endroit d’où, pour la première fois au cours de sa fuite devant la mer, le roi Gradlon ait arrêté son cheval et se soit retourné pour regarder la ville d’Ys engloutie. La face nord est coupée de vires herbeuses nommées Ar Jardinou (les jardins) ou Jardins des Korrigans ; sur le passage menant aux Jardinou, un minuscule abri sous roche est appelé Toull an Denved (trou des moutons). La petite dépression du sommet est connue sous le nom de Trou des Amoureux.

- Ar Roc’h Vihan (la petite roche). Sommet rocheux secondaire immédiatement au sud de Kastell ar Roc’h et séparé de celle-ci par une entaille franche.
Plenaenn ar Roc’h (plateau de la Roche). Large dépression de lande au sud de Kastell ar Roc’h.

- Len ar Roc’h (mare de la Roche). Dépression très humide creusée dans Plenaenn ar Roc’h.

- Feunteun ar Roc’h (fontaine de la Roche). Source permanente sortant d’un pointement rocheux au sud-ouest d’Ar Roc’h Vihan.

- Beg ar Roc’h (pointe de la Roche). Avancée strictement rocheuse à l’ouest de Kastell ar Roc’h. Elle comporte deux emplacements de pêche vers l’extrémité : -An Tal Uhel (le front haut) et An Tal Izel (le front bas).

- Pladenn ar Roc’h (roche plate de la Roche). Coin de pêche sur la face ouest de Beg ar Roc’h, vers sa base ; également nommé Ar Roc’h a Zouar (la Roche côté terre).

- Porz ar Roc’h (crique de la Roche). Grande crique profonde et inaccessible de terre, entre Beg ar Roc’h et Karreg Menesite.

- Toull ar Roc’h (trou de la Roche). Énorme grotte au fond de Porz ar Roc’h. On dit à Goulien qu’elle s’avance très profondément vers l’intérieur du Cap, jusqu’à Lezoualc’h selon les uns, ou même Meilh ar C’Hastell selon d’autres. Vérification faite, elle n’est profonde que d’une soixantaine de mètres, mais possède une voûte extraordinaire.

- Karreg Menesite (signification inconnue). C’est la pointe nommée Benedicite sur diverses cartes. Avec Kastell ar Roc’h, une des roches les plus escarpées et les plus hautes du Cap.

- Tachenn ar C’Had (le champ du lièvre). Belle pelouse sur l’isthme reliant Karreg Menesite à la côte.

- Karreg Chella (signification inconnue). Gros rocher détaché immédiatement à l’ouest de Tachenn ar C’Had. On peut y passer (très difficilement !) dès la mi-marée sur un bloc coincé.

- Toull ar C’Hrabanou (trou des griffes). Énorme puits de quarante mètres de profondeur dans la falaise, communiquant avec la mer (mond war e grabanou signifie « aller à quatre pattes »).

- Beg al Lochou (pointe des loges). Pointe à l’arête extraordinairement découpée, limitant au nord-est la grande baie de Porz Kanape.

- Karreg Pesked (roche aux poissons). Rocher mal localisé, découvrant à basse mer entre Karreg Chella et Beg al Lochou.

- Karreg Korn (roche d’angle). Îlot rocheux à l’extrémité de Beg al Lochou, séparé de la pointe par un san.

- San Karreg Korn (couloir de Karreg Korn). Passage étroit entre Beg al Lochou et Karreg Korn.

- Ar Forn (le four). Place de pêche très accessible près d’une grotte ronde, sur le flanc ouest de Beg al Lochou.

- Ar Garreg Velen (la roche jaune). Petite roche allongée immédiatement au sud d’Ar Forn.

- Porz Bihan (petite crique). Crique à mi chemin entre Ar Forn et la grève de -Porz Kanape. Elle comporte une grève de galets accessible.

- Mene Koroc’h (signification inconnue). Croupe de landes en arrière de l’ensemble Tachenn ar C’Had – Beg al Lochou.

- Beg an Eurlac’h (signification inconnue). Grande pente couverte de fougères formant une avancée entre Porz Bihan et Porz Kanape.

- Karreg ar Ribod (rocher de la baratte). Grand rocher isolé de la falaise immédiatement à l’est de Porz Kanape.

- Porz Kanape (crique de Kanapé). Le toponyme désigne à la fois la crique et une partie au moins de la grande baie sur laquelle elle s’ouvre. La plus grande crique de Goulien. Du côté de Kermaden, on peut y accéder par plusieurs sentiers dont deux portent un nom : Al Louarn Bihan et Al Louarn Braz (respectivement le petit et le grand renard). Deux ruisseaux s’y jettent : Kouar Kanape (ruisseau de Kanapé) venant de Kerisit et Kouar Kermaden (ruisseau de Kermaden) en provenance du village de Kermaden. Je ne me suis pas risqué à une traduction pour Kanape. Je peux toutefois avancer une hypothèse. Kanap, en breton, désigne le chanvre (c’est bien sûr le même mot que le cannabis des latins). Or, il existait autrefois des mares à rouir le chanvre dans le vallon de Kanapé. Le ruisseau, la crique et la baie tirent-ils leur nom de cette particularité ? Ou de tout autre rapport au chanvre ?

- Poull Youenn (trou d’Yves). Encore nommé Poull Vonig (trou d’Yvon). Il s’agit d’un haut-fond sableux situé au nord-ouest de l’entrée de Kanape. Son emplacement n’est visible que lorsque la houle brasse le sable du fond à basse mer de vives eaux.

- Kenepe (signification inconnue). Nommés An Duellou par les marins douarnenistes, ces rochers situés au nord de Porz Kanape, à plus d’un kilomètre en mer, ne sont connus que sous le nom de Kenepe à Goulien et Cléden. Faut-il y voir une altération de Kanape (une sorte de pluriel irrégulier comme il y a tant en breton) ? Deux des trois roches qui composent cet ensemble portent un nom, la plus petite, couvrant à haute mer, n’en ayant apparemment pas reçu : Kenepe Vihan et Kenepe Vraz (petite et grande Kenepe).

- Baz ar Bruger (basse du Beuzecois). Brisant situé dans l’est des Kenepe. Il n’est visible que par fort coefficient et grosse mer. « Bruger » est le surnom donné dans le Cap aux habitants de la commune de Beuzec (féminin : « Brugerez »). Ce terme viendrait de brug, qui signifie « bruyère ».

2ème partie : De Pors Kanape à Porz Skividik

de-pors-kanape-a-porz-skividik
Les noms de lieux se succèdent de la limite avec Beuzec Cap Sizun
vers la limite avec Cléden Cap Sizun.

- Beg an Ilierou (promontoire des lierres). Point culminant de la falaise au nord-ouest de Porz Kanape, sur la rive gauche de Gouar Kermaden. Une roche couverte de lierre sous ce sommet porte le nom de Karreg an Ilierou (roche des lierres).

- Karreg an Dour (roche de l’eau). Rocher près d’une grande flaque à basse mer, sur la grève en bas de Beg an Ilierou.

- Porz Torret (crique cassée). Il ne s’agit pas à proprement parler d’une crique, mais d’un ensemble de falaises au dessin général plutôt concave, à mi-chemin entre Porz Kanape et Milinou Kermaden. D’où vient ce qualificatif de « cassé » ? Peut-être d’éboulements anciens, ou de la nature assez instable des falaises, contrairement à la situation générale à Goulien où la roche apparaît presque toujours très saine. Les parcelles délimitées dans la pente au-dessus portent le nom de Kornigiou (les petits coins).

- Kahidou (signification inconnue). Parfois prononcé Kehidou. Falaises et rochers situés immédiatement au sud de Milinou Kermaden et comportant des restes d’installations permettant de remonter les bateaux. Un coin de pêche dans la partie sud de Kahidou porte le nom de Kahidou a Zouar (Kahidou côté terre).

- Milinou Kermaden (Milinou de Kermaden). Énorme roche à peine séparée de la falaise par un san étroit, mais ne séchant jamais. Il s’agit aujourd’hui du dernier refuge des guillemots du Cap Sizun : ils s’y reproduisent sur la face est du rocher, seulement visibles depuis la rive est de Porz Kanape.

- San Milinou Kermaden (couloir de Milinou Kermaden). Le chenal de Milinou Kermaden est le type même du san. Il est toujours en eau.

- Ar C’Heinarc’hou (les couvercles de coffres). On dit également Keinarc’hou Kermaden. Pluriel bizarre qui, selon A. Guilcher, dériverait probablement de -Kein Arc’h (littéralement dos – c’est-à-dire « couvercle » – de coffre). (Cette interprétation serait validée par le toponyme suivant.) Il s’agit d’un ensemble d’avancées rocheuses, longues et plates comme des couvercles, assez difficilement accessibles depuis la falaise.

- Ravazinier Kein Arc’h (brisants de Kein Arc’h). Situés au nord-est des Keinarc’hou, ils n’apparaissent que rarement, par fort coefficient et grosse mer.

- Beg ar C’Hougon Ru (pointe de la gorge rouge). Avancée rocheuse à l’est du Kougon Ru. On y distingue deux places de pêche : War ar Beg (sur la pointe) et War ar Bladenn (sur la roche plate).

- Ar C’Hougon Ru (la gorge rouge). Gorge très profonde, étroite et inaccessible, avec un énorme bloc coincé.

- Ar Garreg Koc’h (la roche [couverte de] fiente). Emplacement de pêche au nord-ouest du Kougon Ru.

- Kougon ar Garreg Koc’h (gorge du Karreg Koc’h). Gorge entre Ar Garreg Koc’h et Garvennou.

- Ar C’Hougon Plad (la gorge plate). Autre nom pour Kougon ar Garreg Koc’h.

- Karreg ar Skuell (rocher de l’écuelle). Rocher caractéristique au point culminant de la pointe de Beg Linennou, devant la maison dite « Maison Rolland ». L’écuelle fait référence à une dépression creusée à son sommet.

- Roz ar Skuell (colline de l’écuelle). Point culminant de la pointe de Beg Linennou, sur lequel est construite la « Maison Rolland ».

- Garvennou (signification inconnue). Face est de la pointe de Beg Linennou. Comme sur toute la pointe, les places de pêche y sont nombreuses. On y distingue Garvennou Don (Garvennou profond), Garvennou Kador (Garvennou « chaise ») où l’on pêche dans un emplacement rappelant une chaise et Ar Beg Du (la pointe noire), couverte de moules.

- Garvennou Plad (Garvennou plat). Grande roche plate au sud de Garvennou, où l’on peut pêcher Er C’Houar, c’est-à-dire dans le chenal séparant une roche détachée de Garvennou Plad.

- Beg Linennou (pointe des lignes). L’une des zones de pêche à la ligne les plus réputées du Cap Sizun, en particulier pour le lieu. Sans compter ceux de Garvennou, six emplacements précis au moins y ont reçu un nom. Il s’agit d’An Uhel (le haut), position de repli lorsque la mer est haute et mauvaise ; d’Ar Bladenn er Beg (la roche plate à la pointe) ; d’Ar Beg (la pointe) ; d’Ar Bouloudenn (la roche ronde), une sorte de dôme ; d’Ar Geinenn (la crête) et d’Ar Bladenn (la roche plate) à l’ouest, du côté de Porz Feunteun. On dit que l’on pêche war‘n uhel, war’r bladenn er beg, war’r beg, war’r bouloudenn, war’r geinenn ou war’r bladenn. On passe facilement d’une place à l’autre.
Roz ar Skuell (colline de l’écuelle). Point culminant de la pointe de Beg Linennou, sur lequel est construite la « Maison Rolland ».

- Karreg ar Skuell (rocher de l’écuelle). Rocher caractéristique devant la « Maison Rolland ». Son sommet est creusé d’une dépression simulant une écuelle. Plusieurs toponymes y font référence : Roz ar Skuell (voir ci-dessus), Par Roz Skuell (parcelle de Roz Skuell)…

- Porz Feunteun (crique de la fontaine). Crique à l’ouest de Beg Linennou, accessible, mais difficilement en hiver en raison des écoulements d’eau douce. Le fond est formé de gros blocs.

- Beg Porz Feunteun (pointe de Porz Feunteun). Elle comporte deux emplacements de pêche vers son extrémité, l’un à l’est du côté de Porz Feunteun, l’autre à l’ouest du côté de Toull Marzin.

- Toull Marzin (trou de Martin). Crique inaccessible à l’est de Fezerez (elle n’assèche jamais).

- Ar Ribot (la baratte). Petite roche isolée en face de Beg Porz Feunteun..

- Fezerez (souffleuse). Pointe étroite séparant en deux la grande anse entre Beg Linnennou et Karn Bremeur. On y trouve plusieurs emplacements de pêche sur son flanc ouest : Er Porz (dans la crique) à mi-distance de la pointe du côté ouest, Ar Vouskledenn (la moulière) au coin nord-ouest de la pointe et War ’n Tal (à l’extrémité).

- Porz Fezerez (crique de Fezerez). Crique de galets à l’ouest de Fezerez, entre cette pointe et Federek. Elle n’est accessible que depuis Fezerez, à basse mer.

- Federek (signification inconnue). Grand îlot plat limitant à l’ouest Porz Fezerez. On peut y passer.

- Karn Bremeur (amas rocheux de Bremeur). Partie rocheuse de la pointe de Bremeur couronnée par Mene Bremeur (colline de Bremeur), l’un des points culminants de la côte nord du Cap Sizun (85m). Le nom du village voisin d’où la pointe tire son appellation consacre d’ailleurs cette position dominante puisque Bremeur peut être traduit par « colline principale ».

- Korn Men Teo (coin de la grosse pierre). Côté est de la pointe. On y pêche War ’n Tal (vers le large) et Korn ar Zan (au coin du couloir), le san ne correspondant pas ici à un chenal entre une roche isolée et la falaise, mais à un tunnel sous la pointe.

- Ar Gwaste (signification inconnue). Grand îlot, assez régulièrement pyramidal, à l’extrémité de la pointe.

- San ar Gwaste (couloir du Gwaste). Le san qui l’isole de la pointe assèche après la mi-marée. On prononce généralement San e Gwaste. L’emplacement de pêche de la pointe est à quelques mètres à droite de l’entrée est du couloir.

- Ar C’Hroummig (le petit tordu). Place de pêche au coin nord-ouest de la pointe de Bremeur.
Karreg ar C’Hroummig (roche du petit tordu). Roche isolée, ne couvrant pas, face au Kroummig.

- Ar Vouloudenn (le grumeau). Petite roche en face de ¨Porz Pornejen, couvrant entièrement.

- Pladenn Pornejen (roche plate de Pornejen). Place de pêche à mi-chemin de la pointe (de Bremeur ?).

- Porz Pornejen (anse de Pornejen). Étrange appellation dans la mesure ou Pornejen, à n’en pas douter, est une contraction de Porz an Ejen (la crique du bœuf). De ce fait, le toponyme actuel est donc l’altération de Porz Porz an Ejen (la crique crique du bœuf). Cet étrange redoublement est facile à expliquer. Il est probablement comparable à ce qui est arrivé à l’Aulne, la rivière qui passe à Châteaulin. Son nom breton actuel est Ster Aon (la rivière Aulne). Mais aon est l’ancien mot breton pour « rivière ». Ster Aon, c’est donc… la rivière Rivière ! De la même manière qu’au cours des siècles le mot aon, peu à peu remplacé par ster, n’a plus été compris, Porz an Ejen, d’abord contracté en Porz ’n Ejen puis en Pornejen n’a sans doute plus été compris dans son sens premier, d’autant que le toponyme s’est appliqué au village le plus proche. La crique est ainsi devenue Porz Pornejen, la crique du village de Pornejen.
Ravazinier an Avrellek (brisants d’An Avrellek). Hauts fonds dispersés entre An Avrellek et la pointe de Bremeur, n’apparaissant qu’aux vives-eaux et par forte houle.

- Men Glib (pierre humide). Emplacement de pêche d’accès très facile, immédiatement à l’ouest de Porz Pornejen. On y pêche Er C’Houar (dans le chenal).

- Karreg ar Men Glib (roche de Men Glib). Roche détachée de Men Glib.

- Porz ar C’Hrabos (crique de la brouette). Faille étroite, profonde et inaccessible juste à l’ouest de Men Glib.

- Porz ar Pase (crique des épaves). Crique à l’ouest d’Ar C’Hrabos.

- Ar Vreinek (la pourrie). Emplacement de pêche d’accès difficile en bas d’une arête rocheuse peu solide, à l’entrée est du couloir d’An Avrellek.

- San an Avrellek (couloir d’An Avrellek). Couloir très encaissé entre la falaise et l’îlot d’An Avrellek, séchant à basse mer.

- An Avrellek (signification inconnue). Aussi nommé Karreg an Avrellek (roche d’An Avrellek). Grand îlot rocheux et herbeux d’accès assez difficile. Deux cheminements permettent de prendre pied sur l’îlot, depuis Porz an Avrellek, après la mi-marée. Celui qui part du couloir, plus difficile est, selon les informateurs, nommé Hent al Louarn (chemin du renard), ou Ar Trap al Louarn (piège du renard), ou encore An Trap (le piège). On désigne nous le nom d’An -Toull Gwenn (le trou blanc) un coin de pêche situé sur la face ouest, à mi-distance de la pointe ; on peut aussi pêcher War an Tal (sur le front), à l’extrémité de l’îlot.

- An Avrellek Vihan (le petit Avrellek). Petit rocher détaché au nord d’An Avrellek.

- Porz an Avrellek (crique d’An Avrellek). Crique d’accès assez difficile. D’anciens relevés cadastraux orthographient Ar Vrellek, et A. Guilcher interprète le nom de l’îlot comme Lann Vrelek qu’il traduit par « lande à maquereaux », ce qui me paraît hasardeux.

- Beg Melen (pointe jaune). Pointe et coin de pêche entre Porz an Avrellek et Porz Skividik.

- Bazenn Beg Melen (basse de Beg Melen). Rocher couvrant en face de Beg Melen.

- Porz Skividik (signification douteuse). J’ai orthographié Porz Skividik, et non Porz Kividik comme le voudrait la tradition locale, à la suite d’une suggestion de Bernard Tanguy, spécialiste de toponymie à la faculté des lettres de Brest. Ne sachant interpréter « kividik », il suggère que skividik pourrait dériver de skao, qui désigne le sureau. Dans ce cas, Porz Skividik pourrait être traduit par « la crique aux sureaux ». Cette hypothèse est d’autant plus plausible que cet arbuste est, avec le saule et l’épine noire, l’une des essences les plus caractéristiques de ces petits vallons côtiers.

3ème partie : de Porz Skividig à Porz Loedeg

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- Kouar Porz Skividik (ruisseau de Porz Skividik). Le vallon où coule le ruisseau de Porz Skividik (Stankenn Porz Skividik) résulte de la confluence de deux vallons en amont : Stankenn Kergerrieg (vallon de Kerguerriec) et Stankenn Lezoulien (vallon de Lezoulien).

- Karn ar Vran (l’amas rocheux du corbeau). On entend parfois Korn ar Vran. Petite pointe bien individualisée entre Porz Skividik et Porz an Dilhed. Elle comporte deux places de pêche : l’une pour laquelle je n’ai pas trouvé de nom, à l’est, sur une roche plate, l’autre, plus difficile d’accès, à l’extrémité (Tal Karn ar Vran, front de Karn ar Vran).

- Porz an Dilhed (crique des vêtements). Petite crique d’accès malaisé entre Karn ar Vran et Ar C’Harn Uhel. Elle était renommée pour la récolte des grehel, cloporte maritime (Ligia oceanica) très prisé comme appât pour la pêche.

- Beg ar C’Harn (pointe de l’amas rocheux). Grande presqu’île comprise entre Porz Skividik et Porz ar C’Hougon.

- Karn Lezoulien (amas rocheux de Lezoulien). Sommet rocheux de Beg ar C’Harn.

- Gwaremmou ar C’Harn (garennes du Karn). Plateau de la presqu’île, autrefois envahi par les fougères, actuellement en cours de colonisation par la lande.

- Ar C’Harn Uhel (le Karn « haut »). Extrémité rocheuse de Beg ar C’Harn. Elle comporte deux emplacements de pêche, tous deux très près de l’extrémité ; l’un à l’est dans le kouar entre un rocher et l’extrémité, l’autre à l’est depuis un pladenn.

- Lambret (signification douteuse). Îlot rocheux à l’ouest du Karn Uhel, en face de Porz ar C’Harn. A. Guilcher interprète ce nom comme Lamm Bret (saut de « Bret »), « Bret » correspondant pour lui à un nom d’homme hypothétique.
An Trebe (le trépied). Ensemble de trois roches couvrantes à l’extrémité nord-ouest de Lambret.

- Baz Lambret (basse de Lambret). Écueil au nord-ouest de Lambret.

- Porz ar C’Harn (crique du Karn). Crique évasée, instable et d’accès difficile entre Ar C’Harn Uhel et Ar C’Halborn. On ne peut l’atteindre qu’à basse mer, depuis Porz ar C’hougon, en passant sous le tunnel du Kalborn.

- Ar C’Hougon (la gorge). Entaille entre Porz ar C’Harn et Ar C’Halborn.

- Ar C’Halborn (la meule de paille). Falaise et coin de pêche d’accès difficile à l’entrée de Porz ar C’Hougon, sur sa rive est. La dénomination pourrait être due à la forme et à la couleur jaune de cette roche couverte de lichens. Mais il pourrait également s’agir d’une altération de Ar C’Harbont (le viaduc) : à cet endroit, la falaise forme en effet une arche au-dessus d’un tunnel asséchant à basse mer qui la traverse de part en part. A. Breneol évoquait une troisième possibilité : selon lui, des pêcheurs de Cléden désigneraient ce lieu sous le nom de Ar C’Harn Bont (l’amas rocheux-pont), ce qui n’est non plus pas à exclure étant donné l’abondance des toponymes comportant le terme karn dans tout ce secteur.

- Porz ar C’Hougon (crique de la gorge). Grande crique d’accès assez facile, et dont le fond est occupé par une grève de galets.

- Ar Bouloudenn (la roche ronde). Encore nommée Pouloudenn Klet ‘r C’Horr (la roche ronde de Clet Le Corre, prononcé Klè Hor) du nom d’un pêcheur de Cléden qui y installait autrefois un va-et-vient, cette belle roche se trouve au nord de Porz ar C’Hougon et à l’ouest d’Ar C’Halborn.
Karreg Radenn (roche [à la] fougère). Grand piton couvert d’une végétation abondante et rattaché à la rive ouest de Porz ar C’Hougon.
An Daou Oc’h Lard (les deux cochons gras). Deux grands rochers plats dans la pente au dessus de Karreg Radenn, servant de marques à terre pour les pêcheurs en mer.

- Porz an Ilierou (crique des lierres). Petite crique d’accès difficile depuis Porz ar C’Hougon, immédiatement à l’ouest de Karreg Radenn.

- An Aoteriou (les autels). Ensemble de falaises peu élevées entre Porz an Ilierou et Porz ar Milinou.

- Roz ar Broc’hed (colline des blaireaux). Colline au dessus d’An Aoteriou, dont le sommet est percé de très nombreux terriers de blaireau, anciens et récents.
Dian an Aoteriou (sous les autels). Place de pêche à l’entrée est de la première entaille à partir de Porz an Ilierou. C’est le seul point accessible (assez difficilement) dans ce secteur.

- Fas an Aoteriou (face aux autels). Grande baie abritée des vents d’ouest, s’étendant entre Beg ar C’Harn et les Milinou.

- Pazenn ar Milinou (la marche du Milinou). Rocher plat, légèrement détaché de la côte, vers le milieu des falaises d’An Aoteriou.

- Karreg ar Gwilliaoued (roche des goélands). Rocher situé immédiatement à l’est de Porz ar Milinou. Il est séparé de la falaise par un couloir très étroit et encaissé, asséchant à basse mer.

- Porz ar Milinou (crique du Milinou). Crique profonde comportant une grève de galets, à l’est d’An Enezenn.

- Ar Milinou Braz (le grand Milinou). Énorme rocher, le plus grand du littoral de Goulien, séparé de la côte par un chenal qui ne sèche jamais complètement. De nombreuses espèces d’oiseaux de mer y ont niché : océanite tempête, fulmar, cormoran huppé, goéland argenté, goéland brun, goéland argenté, goéland marin, mouette tridactyle, guillemot, pingouin torda, macareux. (Voir l’introduction pour les hypothèses sur la signification de Milinou.)
Toull Milinou a Zouar (trou du Milinou côté terre). Chenal entre le Milinou et An Enezenn selon les pêcheurs de Cléden.

- Ar Milinou Bihan (le petit Milinou). Petit îlot exclusivement rocheux au nord du Milinou Braz.

- San Milinou Bihan (couloir du petit Milinou). Nommé Toull Milinou (trou du Milinou) par les pêcheurs de Cléden. Passage très mouvementé entre les deux Milinou.

- Bouloudenn Toull Milinou (roche ronde du couloir du Milinou). Roche à l’entrée ouest de San Milinou Bihan.

- An Enezenn (l’île). C’est en fait une presqu’île dont l’accès par le sommet est désormais difficile et dangereux en raison d’un éboulement ancien. Depuis le début du siècle, on y accède donc le plus souvent depuis le fond de Porz ar Milinou. Située dans l’axe des deux Milinou, elle est limitée à l’est par Porz ar Milinou et à l’ouest par Porz Hir. Elle comporte plusieurs emplacements de pêche sur les roches plates à l’ouest de sa pointe. On venait aussi y couper de l’herbe, y compris depuis Cléden.

- Mene Milinou (colline du Milinou). Plateau entre la base d’An Enezenn et Porz Hir.

- Porz Kaved (crique cage). Le terme kaved désigne aussi dans le Cap les anciens casiers à crustacés en bois. Crique située entre la pointe d’An Enezenn et la base de Karreg Hir. Elle n’est accessible que depuis Porz Hir, et l’on peut s’y trouver piégé à marée montante.

- Karreg Hir (roche longue). Bel îlot rocheux dans l’ouest d’An Enezenn. Allongé comme son nom l’indique, et couvert de végétation, il est accessible à basse mer et comporte une place de pêche au sud-ouest de son extrémité.
Beg Karreg Hir (pointe de Karreg Hir). Petite roche détachée à l’extrémité de Karreg Hir.

- Bouloudenn Milinou (roche ronde du Milinou). Équivalent de la précédente ?.
Baz ar Butun (basse du tabac). Haut-fond situé dans la baie à l’ouest du Milinou, à peu près en face de Karreg Hir.

- Kabore (signification inconnue). Gorge étroite et extrêmement profonde à l’ouest de Porz Hir. Le fond (toujours utilisé comme décharge sauvage) forme un premier ressaut nommé Ar C’Habore Sec’h (le Kaboré sec) avant de tomber à pic dans le couloir inondé nommé Ar C’Habore Glib ((le Kaboré humide).
Toull ar C’Habore (trou du Kaboré). Place de pêche à l’entrée du Kabore Glib, sur sa rive ouest.

- Pladenn ar C’Habore (roche plate du Kaboré). Emplacement de pêche, quelques mètres à l’ouest de Toull ar C’Habore.
Gourmedeg (signification inconnue). Coin de pêche à l’est de Milinou Porlodeg.

- Porz Marc’h (crique [du] cheval). Grande crique très profonde et très difficile d’accès, à l’ouest du Kabore. Dans les temps anciens, on y jetait, dit-on, les cadavres de chevaux.

- Milinou Porlodeg (Milinou de Porlodec). Roche très escarpée dans le côté nord-ouest de Porz Marc’h.

- Karreg Gwillou Gwillou (Rocher de « Gwillou Gwillou »). Autre nom de Milinou Porlodec ? .

- Toull ar Goloenn (trou de la paille). Coin de pêche à l’est d’Ar Garreg Velen.

- Ar Garreg Velen (la roche jaune). Place de pêche à l’extrémité d’une pointe formant la limite ouest de Porz Marc’h.

- San ar Garreg Velen (couloir de la roche jaune)

- Beg ar Garreg Zu (pointe de la roche noire). Pointe à l’entrée est de Loedeg.

- Ar Garreg Zu (la roche noire). Petite roche détachée à l’extrémité de Beg ar Garreg Zu, couvrant à haute mer.
Porz Porsebez (crique des pouce-pieds). Crique entre Beg ar Garreg Zu et Porz Goulien.

- Porz Goulien (crique de Goulien). Crique sableuse séparée de Loedeg par une petite pointe rocheuse correspondant au déversoir du ruisseau de Porlodec (Kouar Porlodeg = Kouar Goulien). Ce ruisseau faisant la limite entre les deux communes, Loedeg est donc sur Cléden, et Porz Goulien… sur Goulien.

Jean-Yves Monnat