Notice sur l’histoire de l’église paroissiale

Tombeaux et blasons sous l’ancien régime:

En 1623, on pouvait voir au milieu du chœur de l’église un tombeau en élévation avec sur le dessus cinq blasons sculptés : trois à la tête dont deux portant le blason de la famille Autret, et un en alliance avec une autre famille ; et deux au pied dont un plein et l’autre en alliance. Chaque côté du tombeau était également orné de trois blasons en alliance sur chaque longueur, et un sur chaque largeur portant plein les armes de la famille Autret. Toujours dans le chœur de l’église, il y avait autour de ce tombeau neuf autres tombes à fleur de sol, qui portaient les mêmes blasons sculptés en relief. Les vitraux étaient également ornés des mêmes motifs. La famille Autret, seigneurs de Lezoualc’h portait blason « d’argent à quatre faces ondées d’azur ». L’extérieur de l’église portait sur ces murs ces mêmes blasons sculptés dans la pierre.
Cette description de l’église vient d’une enquête effectuée les 5 et 6 février 1623 concernant les prééminences de la seigneurie de Lezoualc’h. Il ne s’agit ici que d’un résumé car la liste des signes de la maison Autret est bien plus longue encore, l’église semble en être saturée.
Cette description de l’église est encore valable un siècle plus tard en 1730. On y voyait un grand banc à queue sans écusson près du premier pilier du côté de l’Evangile. Il s’agissait de celui du seigneur de Lezoualc’h. En face, près du balustre et du premier pilier côté de l’épître, un second banc sur l’accoudoir duquel était gravé un écusson mi-parti portant les armes des seigneurs de Kerraret de Charmoy, et celles des Autret de Lezoualc’h. Guy François de Charmoy avait été seigneur de Lezoualc’h de 1671 à sa mort en 1689.
Autrefois dans l’église de Goulien, il y avait des bancs attachés le long des murs. Le prix de la place était de 0.75. (Bernard).

Le grand vitrail :

Il a été détruit dans l’effondrement de 1790, peut-être même avant, et muré à la reconstruction de l’église, faute de moyens. On y a alors enchâssé en remploi une pierre gravée. On lit MICHEL GOUDEDRANCHE 1744. L’inscription est retournée, visible aujourd’hui de l’extérieur de l’église. Michel Goudedranche était de Trovreac’h, peut-être le fabrique de l’église en 1744.
Ce grand vitrail était composé de cinq soufflets en haut, et trois passants verticaux en bas. Dans chacun des trois soufflets extérieurs était visible un blason. Les armes pleines des Autret de Lezoualc’h dans le plus haut, puis dans les deux soufflets suivants, les armes de Lezoualc’h’ en alliance avec celles des épouses des premiers seigneurs Autret de Lezoualc’h, en l’occurrence les familles le Saint et Langueouez.
En haut des trois passants verticaux se trouvaient la suite des alliances matrimoniales, avec toujours en mi-parti les armes des Autret, avec respectivement celles des Moëlien, Picart de Kerganou et Coëtanezre.
Le vitrail offrait ainsi un tableau récapitulatif de la généalogie des Autret de Lezoualc’h. Cinq générations sur une période de 1440 à 1550 environ. Conçu comme un tout symétrique, l’ensemble devait dater des années 1550-1560, puisque l’alliance du seigneur suivant, René Autret, marié en 1567, était absente.

Le trésor :

 Reliquaire en argent doré portant au dos la date de 1557, l’inscription : NOBLE ET DISCRET Mre IAN DE KERGARIOU RECTEUR – HONORABLE HOMME YVES PERROT FABRIQUE 1680. Sur le dessus, armoiries de la famille Autret. Ce reliquaire est réputé contenir des reliques de saint Laurent et de la Terre sainte. En 1680, Mgr de Coëtlogon l’authentifie.

 Croix de procession : inscription en lettres gothiques : « Cette croix appartient à la chapelle de Ntre Dame de Lannourec et à la paroisse de Goulien. –Faict au temps de Guillome Quilivic, fabricque, 1574. » Celui-ci demeurait à Brehonnet. La croix de procession est liée à une fondation à la chapelle par Jean Autret seigneur de Lezoualc’h, le 25 mars 1574. Il inaugure l’exemple de cette pratique dans la paroisse. Pierre Marie Auzas indique que cette croix est d’un type courant, avec poinçon répété quatre fois, aux initiales « G.S. »

Diverses inscriptions dans l’église :

Sur la porte nord de la sacristie, on lit une inscription gravée dans le bois : SDF 1706. Les tables des décès à Goulien ne donnent qu’une possibilité pour ces initiales: Simon Dagorn (v.1677-1730), de Kermaden, le fabrique de 1706. Il sera aussi désigné fabrique de la chapelle de Lannourec en 1712.
On lit également l’inscription V.I.L.C.R 1706, ce qui signifie Vénérable Jan Le Cornec Recteur.
Date de 1743 gravée sur les anciens fonds baptismaux en pierre.

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La réparation de l’église pendant la Révolution :

 En 1790, le clocher s’effondre sur le toit et l’église est presque entièrement détruite. En 1832, le maire déclarera que l’église était tombée de vétusté. Le concours de la foudre n’est pas attesté comme en 1922. Le mur soutenant le clocher était la partie la plus ancienne du bâtiment. Au siècle précédent, on avait remarqué au cours d’un inventaire que le haut du pignon occidental était en apparence la pièce la plus antique de l’église, étant composé de vieilles maçonneries.

 En septembre 1790, la municipalité demande au district de Pont-Croix l’autorisation de pouvoir disposer des deniers de la fabrique pour sa reconstruction. Elle possède une créance de 3100 livres sur le clergé de France, sur deux constitutions établies en 1777. Elle demande de prélever 1800 livres sur cette somme. Le restant doit suffire à rembourser les vieilles rentes dues à l’église par des particuliers. On demande également l’autorisation d’une imposition extraordinaire sur les habitants pour compléter la somme nécessaire. Les deux assesseurs nommés pour présenter cette demande sont l’incontournable Mathieu Kerloc’h de Mesmeur, et Clet le Moign de Lannourec. Le maire est Alain Trividic : les officiers municipaux : Jean le Bars, Henri le Moan, Clet le Moign et Daniel Goraguer. Se joignent à eux quelques « notables » : Yves Priol, Jean Quéré, Yves Riou, Jacques Donnart, Pierre Jalm, Jean Moulec, Jean Donnart, Yves Louarn, Jean Porlodec, Jean Chapalain, Simon Normant. Yves Urcun était procureur et secrétaire greffier.

 Le 4 octobre, le disctrict de Pont-Croix appuie la demande du conseil de Goulien au département, pour le déblocage des fonds.

 Le 12 octobre, le district prévient le conseil municipal que le moment n’était pas très favorable à sa demande. Celui-ci est autorisé à établir une petite imposition supplémentaire sur les habitants.

 En janvier 1791, la maçonnerie est entièrement achevée, sauf celle du clocher. Une partie de la toiture est également posée. Le portique de l’ancienne église a été conservé et relevé au sud. Mais les fonds sont épuisés et les ouvriers ont quitté le chantier car ils n’ont pas été payés. La municipalité demande au district l’autorisation d’employer les fonds que le fabrique Jean le Bras et le recteur Olivier le Pappe, ont à leur disposition. (Loyer du presbytère, sommes provenant du chœur). La maire est Germain Kersaudy.

 En mai, le maire Daniel Goraguer, de Kerguerrien, passe un marché avec les maçons Grégoire, et Jacques Bernard, de Lannedern, et Joseph Bernard, de Loqueffret, pour la somme de 1240 livres dont 440 livres sont payées comptant, afin d’achever la maçonnerie, avec entre autres les conditions suivantes :

 Les matériaux doivent leur être fournis, avec les cordages nécessaires pour l’échaffaudage.

 La flèche doit être reconstruite sur le modèle de celle de l’église de Primelin, ou bien celui de la chapelle de Lannourec, selon l’option de la commune.

 La somme de 800 livres restante sera payée pour moitié lorsque l’on sera rendu à la plateforme du clocher, et le restant à la fin de l’ouvrage.

 En août, le nouveau maire Germain Kersaudy, et le conseil municipal réitèrent leur demande de fonds. Les maçons ne sont pas venus faire le travail prévu. On réclame que les fonds de la fabrique soient entièrement utilisés, ainsi que ceux détenus par le recteur, provenant de ses prédécesseurs pour la réfection du chœur. En cas de refus, on demande à pouvoir emprunter 3000 livres. Le maire Germain Kersaudy était né à Plogoff en 1754. Il s’était installé en 1779 à Brehonnet, par son mariage avec Jeanne Olive Trividic, fille d’Alain Trividic, lui-même maire l’année précédente. Autour du maire, on trouve les membres du conseil municipal : Yves Urcun, procureur de la commune, Daniel Goraguer, Jean Donnart, Jean le Moullec de Pennarun, Jean Canté et Clet le Moign. Sont également présents Jean Guézénec, Alin Donnart, Jean Quéré, Jean le Moullec de Trévern, autre Jean Quéré, Yves Priol, Jean Chapalain, Jean Porlodec, Jean Daniel Quideau, Primel Castel, Yves le Velly et Pierre Jalm.

 En mars 1792, le conseil municipal formule une nouvelle demande, en précisant que lors de la démolition de l’église après son effondrement, on espérait récupérer les 1800 livres de la constitution sur le clergé. C’est la politique « très heureuse » du nouveau pouvoir qui a changé la donne en cours de route, et a mis la municipalité dans l’impossibilité de régler de nombreuses dettes envers les artisans, vitriers, maréchaux, marchands pour les planchers, le fer , la chaux etc.
La flèche n’est pas encore installée, et on hésite encore. Pourquoi pas un dôme finalement. L’église est belle de l’extérieur, mais l’intérieur ne présente que les débris d’un vieux maître autel vermoulu. Il y en avait trois corrects avant la catastrophe. Il n’y a plus de tableaux, plus de chaire à prêcher ni crucifix dans la nef.
On réclame 2100 livres au disctrict. Avec le maire , Daniel Goraguer, signent Jean le Bras procureur de la commune, Jean Donnart, Jean le Moullec, Jean Canté, Guillaume Gloaguen, Yves Riou, Allain Donnart, Michel le Deuffic, Jean le Bis, Clet Gloaguen, Yves le Velly, Primel Castel, Jean le Peoch, Jacques Donnart, Joseph Quéméner, Jean Guezennec, Jean le Quéré, Jean Quideau, et Jean le Moullec, secrétaire greffier.

 En avril 1792, le maire Daniel Goraguer se propose de prêter en son nom 600 livres à la commune. On espère encore le déblocage des constitutions sur le clergé. L’affaire est alors entre les mains des députés de Paris.
Pour la reconstruction de la flèche, on prend finalement le parti le plus économique : celui de faire venir pierre par pierre le clocher de la chapelle ruinée de Lochrist en Beuzec Cap Sizun, entre Pont-Croix et Confort. Sous l’ancien régime, la corvée d’entretien des grands chemins, instituée depuis 1730, se faisait justement dans ce secteur pour les habitants de Goulien.

 Le 7 février 1793, a lieu l’inventaire des objets en argent de l’église de Goulien en présence de Joseph Guezno commissaire du directoire de Pont-Croix, Daniel Goraguer, maire de Goulien, Jacques Donnart et Jean Quéré, officiers municipaux. L’église se trouve singulièrement pauvre en mobilier. Trois calices et un ciboire, le tout patiné d’argent, un soleil qui se monte dans un pied d’un des calices, et pour ranger le tout, une armoire. La suite de l’inventaire concerne le mobilier de la chapelle de Lannourec, décrit au prochain chapitre, où l’on trouve la preuve que certains objets ont été dissimulés.

Destruction du clocher par la foudre, le 7 mars 1922 :

En s’écroulant, le clocher épargna cette fois le reste de l’église. La reconstruction ne concernait que la flèche, la balustrade, et les vitres qui avaient explosées. Néanmoins les dépenses à engager étaient évidemment une nouvelle fois au dessus des moyens de la municipalité. Une demande de subvention au département échoua. Il fallut se tourner vers la solution de l’emprunt. Le projet fut confié à Mrs Ruer et Mony, architectes à Douarnenez, qui établirent le plan de la nouvelle flèche, ainsi que le cahier des charges. Le coût des travaux s’élevait à 23000 frs environ. Le 12 décembre 1923, la commune procéda à l’adjudication publique des travaux à l’entreprise la mieux disant.
C’est Jacques le Bars, entrepreneur à Plouhinec qui emporta le marché. Il fut convenu d’un prix global de 26051 francs. Les travaux ne devaient pas durer plus de huit mois. Ils furent achevés en juillet 1925. La réception définitive eut lieu au mois de septembre, avec 1106 francs de dépassement.
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Les cloches :

 Une cloche avait été fondue en 1760. L’inscription indiquait la fonction protectrice de la cloche : ECCE + CRUCEM . DOMINI . FVGITE . PARTES. ADVERSAE . (Voici la croix du Seigneur, fuyez puissances ennemies) CAMPANA . HAEC . BENEFA (pour cela, la cloche est efficace) + ELEEM… PRAESIDIS A. D. MDCCLX. – DOMINICVS CIANI . FECIT. (Dominique Ciani l’a faite l’an du seigneur 1760). Ce nom semble indiquer un fondeur étranger à la région, parcourant le pays pour exercer son industrie. Si la prière portée sur la cloche n’a pas été si efficace en 1790, quand le clocher s’effondra, elle a tout au moins survécu à la catastrophe. On trouve la description de cette cloche dans la notice sur la paroisse de Goulien publiée en 1911 par Peyron et Abgrall.

 La seconde cloche, au sud, porte l’inscription suivante : « FAITE EN 1846 POUR L’EGLISE DE GOULIEN, J’AI ETE NOMMEE JEANNE MARIE – PAR JEAN LE MOULLEC ET MARIE ANNE DAGORN, HENRI JANNIC RECTEUR- MATHIEU LE DREAU, MARIE ALLAIN DONNART, TRESORIER. En 1847, on a payé à Viel fondeur, pour fondre deux cloches et leurs fournitures 315 frs 90.

 1885 : La plus grande des cloches, celle du nord, a été refondue, toujours chez Alphonse Viel à Brest.

 Croix de l’enclos datée 1827 ; inscription : YES GEN MIE ANE GGE : sans doute les noms abrégés du parrain et de la marraine de la croix. Les trois lettres de chaque série correspondent à la première et aux deux dernières du prénom ou du nom. On a donc YvES G—EN, et MarIE AnNE G—GE

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